Walter Zenga : «L’Italie joue comme une équipe de club»

L’entraîneur italien, ex-gardien mémorable de l’Inter et de la Nazionale, met en avant l’organisation de jeu très claire des Italiens.

Walter Zenga, 56 ans, commentera ce lundi soir (19h00) à Lyon pour la Rai, télévision publique italienne, le match entre la Belgique et la Nazionale. Grand nom du football italien, l’ancien gardien compte 58 sélections avec les Azzurri (de 1986 à 1992) et gardait le but de l’Italie au Mondial 1990, dont elle fut demi-finaliste. Entraîneur actuellement en attente d’un club (il a notamment coaché le Steaua Bucarest, Catane, Palerme, Sampdoria), il livre son analyse sur la sélection d’Antonio Conte, ligne par ligne.
«En tant qu’ancien gardien de la sélection, quel regard portez-vous sur Gianluigi Buffon (38 ans) ?
L’Italie a toujours eu de grands gardiens. C’est une icône du football, un professionnel exemplaire. Il y a un respect réciproque entre nous. Sa saison à la Juve ne m’a pas surpris, parce qu’il n’a fait que confirmer ce que nous pensons de lui : c’est le gardien le plus fort du monde depuis tant d’années. Vingt ans avec un rendement maximal.

Et que pensez-vous de Sirigu, que vous avez fait débuter en Serie A quand vous étiez entraîneur de Palerme ?
Il a été mis à l’écart au PSG de manière incorrecte, de mon point de vue. J’ai été surpris que le PSG choisisse un autre titulaire la saison dernière, je ne m’y attendais pas. Sirigu ne méritait pas ça. C’est un gardien très fort.

«Il y a une organisation claire, un système précis»
Comme Buffon, les trois défenseurs viennent de la Juve : Chiellini, Bonucci, Barzagli. Sont-ils complémentaires ?
Trois joueurs comme eux qui viennent de gagner cinq Scudetti de suite avec la Juve, qu’est-ce que vous en dites ? Ils se connaissent par cœur et ça fait avec Buffon un bloc fiable. C’est une défense à 3, mais quand Darmian joue, par exemple, l’Italie évolue à quatre défenseurs. Quand elle construit le jeu, elle est avec trois défenseurs, et quand elle défend, c’est avec quatre arrières, puisque le latéral joue plus bas. Et parfois, ça joue à cinq derrière. Le plus important, c’est que l’Italie est une équipe qui a une identité de jeu, avec quatre-cinq joueurs qui avaient déjà joué sous les ordres d’Antonio Conte quand il était le coach de la Juve. Normalement, une équipe nationale joue comme une sélection. Mais là, elle joue comme une équipe de club, et ça fait la différence. L’Italie va sur le terrain pour faire son match, indépendamment de qui elle a en face. Il y a une organisation claire, un système précis. Cette équipe n’a pas de très grands « fuoriclasse’’ (joueurs hors norme), du genre Ibrahimovic ou Pogba. Parce qu’il y a eu des blessures, comme Marchisio, Verratti, parce que Totti, Del Piero, Pirlo ne sont plus là. C’est pour ça que l’Italie a misé sur une organisation de jeu.
Pourquoi l’Italie, à part Buffon, ne compte-elle pas de joueur majeur ?   
Ce n’est pas vrai. Verratti au PSG a fait beaucoup de bonnes choses. Il y a Sirigu qui évolue aussi au PSG. Normalement, ces deux joueurs devraient évoluer en Italie, un à l’Inter et un à la Juventus. Mais l’Italie a traversé un moment de crise, et les joueurs vont dans des clubs qui peuvent les acheter, qui ont les moyens de dépenser. L’Italie redeviendra compétitive à ce niveau-là.

Pour terminer son attaque, que vous inspire l’attaque de l’Italie ?
On a cinq joueurs qui sont très bons (Eder, Immobile, Insigne, Pellè, Zaza), compatibles les uns avec les autres. Ce ne sont pas de grands buteurs, mais ils se sacrifient beaucoup pour l’équipe. J’ai eu Eder comme joueur à la Sampdoria la saison passée, et je me suis très bien senti avec lui. Zaza, lui, a fait des pas de géant, il est devenu vraiment fort.»