Souvenir : Quand les Lions indomptables du Cameroun ont dominé les Jeux Olympiques 2000

Au cours de l’histoire des Jeux Olympiques, certaines équipes ont tellement marqué leur sport de leur empreinte qu’elles peuvent être décrites comme invincibles. Tokyo 2020 revient sur les histoires de ces équipes inoubliables, ainsi que sur les joueurs qui les composent. Dans cet épisode, nous revenons sur l’équipe masculine de football du Cameroun qui a triomphé à Sydney 2000. 

Le contexte

Se souvenir du passé est vraiment une chose merveilleuse.

En repensant à l’équipe camerounaise qui est entrée dans l’histoire à Sydney 2000, il est facile de voir qu’elle avait l’étoffe de l’une des plus grandes équipes de football à émerger en Afrique. Il est facile de mettre en lumière le talent de gardien de but de Carlos Kameni ou les exploits de Lauren, joueur clé des Invincibles d’Arsenal, qui n’a pas perdu un seul match pendant la saison 2003-2004 de Premier League. Et il suffit de jeter un coup d’œil à l’illustre CV de Samuel Eto’o, triple vainqueur de Ligue des champions – sans doute le plus grand joueur africain de tous les temps – pour savoir que ce groupe de joueurs avait sans aucun doute quelque chose de spécial.

Mais en l’an 2000, tous ces exploits étaient encore en devenir. À ce moment là, la plus belle chose que possédait cette équipe du Cameroun, c’était une promesse de réussite.

Exactement dix ans plus tôt, le Cameroun s’était révélé sur la scène internationale. L’équipe menée par Roger Milla avait brillé lors de la Coupe du Monde 1990 en Italie en battant notamment les champions du monde argentins dans leur ascension vers les quarts de finale.

Quatre ans avant les JO de Sydney, les Super Eagles du Nigéria – menés par les irrésistibles Jay-Jay Okocha et Nwankwo Kanu – devenaient la toute première équipe africaine a remporter l’or olympique.

Mais le 13 février de cette première année olympique du nouveau millénaire, les Lions indomptables du Cameroun avaient remporté le titre de meilleure équipe Africaine en battant le Nigéria aux tirs au but en finale de la Coupe d’Afrique des Nations.

Lors de ce match, le Cameroun menait de deux buts dans le temps réglementaire avant que Rigobert Song n’inscrive le tir au but qui allait sceller la victoire du Cameroun 2-2.

Ils étaient loin de se douter que l’histoire allait se répéter quelques mois plus tard à Sydney au terme de leur aventure olympique.

Les plus grands succès

« Les joueurs camerounais aiment l’attaque. Ma politique c’est que si nous attaquons l’autre équipe, elle ne peut pas nous attaquer », expliquait Jean-Paul Akono, l’entraineur du Cameroun, au Los Angeles Times.

Le plus grand obstacle que l’équipe du Cameroun ait rencontré sur sa route vers la finale olympique était probablement le match face au Brésil en quarts de finale. Une foule de 37 332 supporters a suivi le match au Brisbane Cricket Ground, alors que les Lions s’alignaient contre une équipe du Brésil comprenant la future star de Chelsea, Alex, le défenseur Lucio – devenu la star de l’Inter Milan et de la Juventus – et l’un des plus grands joueurs à avoir fouler les terrains de football : Ronaldinho.

Le match, qui avait commencé par un coup franc à 25 mètres de Patrick M‘Boma permettant au Cameroun de mener dès la 25e minute, a basculé en enfer pour les Camerounais lorsque Geremi et Aaron Nguimbat se sont fait exclure sur carton rouge. À la 94e minutes, Ronaldinho a fait parler son talent sur coup de pied arrêté avec une splendide frappe à l’entrée de la surface de réparation, emmenant les deux équipes en prolongation.

Mais alors que la prolongation commençait, le Cameroun a continué d’attaquer et à la 113e minute, Modeste M’Bami trouvait la lucarne et offrait à son équipe le but en or.

Les Lions étaient en route.

Après avoir renoué avec la victoire 1-2 face au Chili en demi-finale, le Cameroun a fait face à son plus grand défi lors de la finale olympique contre l’Espagne.

Au Stade olympique de Sydney, 104 000 supporters ont regardé les hommes en vert affronter Xavi, Carles Puyol et les autres, tandis que la Roja espagnole défendait son titre de championne olympique.

Et l’histoire attendait patiemment pour pointer son nez.

Seulement sept mois auparavant au Nigéria, le Cameroun gâchait une avance de deux buts avant de gagner aux tirs au but et de remporter la CAN. Cette fois-ci, ce sont les Lions qui se retrouvaient menés de deux buts – dont le premier encaissé après seulement 78 secondes de jeu.

Mais comme leur surnom le suggère, les Lions indomptables ne peuvent être battus. Emmenés par le redoutable Eto’o, les Camerounais se sont montrés à la hauteur en seconde période. À la 53e minute, Amaya a marqué un but contre son camps, seulement cinq minutes après le premier but camerounais inscrit par Samuel Eto’o permettant aux Lions d’égaliser.

Au coup de sifflet final et à l’approche des tirs au but, cinq touches de balle séparent le Cameroun de la gloire.

M’Boma, Eto’o, Geremi, Lauren, Womé. Ces noms sont ceux des héros camerounais qui, en marquant leur tir au but, ont permis de ramener la toute première médaille d’or olympique de football au Cameroun.

Au final, il aura suffit d’un poteau de l’espagnol Amaya pour voir le Cameroun sacré champion olympique.

Mais, ce qui a été une fin cruelle pour l’Espagne reste – encore à ce jour – le plus grand triomphe du Cameroun en football.

Les joueurs clés

Le football olympique est principalement joué par des joueurs de moins de 23 ans avec seulement trois joueurs autorisés au dessus de cette limite par équipe. De fait, ce tournoi donne souvent un aperçu des futurs stars qui brilleront dans le football mondial les années suivantes.

Carlos Kameni avait seulement 16 ans quand il a participé aux JO de Sydney 2000. Son héroïsme, notamment face au Brésil, fut déterminant pour la victoire olympique de son pays. Patrick M’Boma, qui jouait à l’époque pour le FC Barcelona B, a marqué quatre buts sur le chemin de la finale, ce qui a fait de lui le meilleur buteur du Cameroun dans le tournoi. Il a ensuite connu une brillante carrière internationale, avec 33 buts en 57 sélections.

Mais c’est Samuel Eto’o qui a suscité le plus grand intérêt avec sa frappe lors de la seconde mi-temps signant le retour des Lions contre l’Espagne.

Alors qu’il perçait la dernière ligne de défense espagnole avant de tromper le gardien de but, il était évident – avec le recul – de voir qu’il était à l’aube d’une carrière qui ferait de lui l’un des meilleurs joueurs africains.

La suite de l’histoire

Après cette médaille d’or olympique, les Lions ont remporté une nouvelle fois la CAN en 2002. Mais le pays qui a triomphé en Australie n’a pas réussi à remporter un autre grand tournoi international pendant 15 ans, lorsqu’il a une nouvelle fois remporté la couronne continentale en s’imposant 2-1 face à l’Égypte.

Toutefois, nombre des joueurs qui ont joué à Sydney 2000 ont poursuivi une carrière impressionnante dans certains des plus grands clubs européens.

Kameni, aujourd’hui âgé de 37 ans, a joué pour l’Espanyol Barcelone et Malaga, avant de représenter le club turc de Fenerbahçe jusqu’en 2019. L’arrière gauche Pierre Wome a remporté un titre de Serie A en 2006 avec l’Inter Milan, après avoir connu des succès en Angleterre, en Espagne et en Allemagne. Le buteur M’Boma a joué au Paris Saint-Germain et à Parme, avant de rejoindre plusieurs clubs au Japon, dont le Gamba Osaka, le Tokyo Verdy et le Vissel Kobe.

Et puis il y a Eto’o.

Trois titres de Ligue des champions, deux titres de l’AFCON, trois titres de Liga, élu joueur africain de l’année à quatre reprises et une médaille d’or olympique. La star de Sydney reste sans doute le sportif africain le plus influent à avoir jamais chaussé une paire de crampons de football.

Tokyo2000