Le Portugal rêve d’un premier sacre à l’Euro

La sélection portugaise va disputer, pour la deuxième fois seulement de son histoire, la finale d’un championnat d’Europe, cette fois-ci face au pays organisateur, la France. Un match qui se déroulera au Stade de France à 21h, heure locale, et qui sera à suivre sur RFI.

Le Portugal attend depuis des années un sacre de sa sélection de football et surtout l’occasion de pouvoir venger la première finale, perdue en 2004 face à la Grèce (1-0) lors d’un tournoi organisé par les lusitaniens.

Ce soir la tâche ne sera pas facile face à la bête noire des Portugais, la sélection française qui a remporté 75 % de ses matchs lors des duels entre les deux pays. Pourtant, l’espoir est permis quand on voit le parcours semé d’embûches pour arriver en finale.

Seulement troisième de son groupe

Le parcours du Portugal n’est définitivement pas celui d’une équipe qui gagne ses matchs mais qui les remporte. La nuance est subtile mais très importante. Lors de la phase de poules, les Portugais ont enregistré trois matchs nuls, face à l’Islande (1-1) à Saint-Etienne, face à l’Autriche (0-0) à Paris, et face à la Hongrie (3-3) à Lyon, mais ils ont réussi à se qualifier en étant un des quatre meilleurs troisièmes avec ses trois petits points. Ces résultats font du Portugal l’unique équipe à passer une phase de groupes d’un Euro sans une seule victoire… cette équipe commence à écrire « son » histoire.

 

Cette posture défensive sera utilisée également face à la Pologne lors des quarts (1-1 a.p, 5-3 t.a.b) et face au Pays de Galles en demies (2-0). Le Portugal laisse les rênes du match à l’adversaire car l’essentiel pour l’équipe et son coach, Fernando Santos, c’est la victoire et la qualification pour la phase suivante du tournoi. Les Lusitaniens de France, ou les Portugais du Portugal ou encore les binationaux attendent ce sacre depuis longtemps, surtout depuis la finale loupée de 2004 face à la Grèce (1-0).

Fernando Santos, « l’ingénieur »

Un homme est derrière ce Portugal. Il s’appelle Fernando Santos et n’est à la tête de la sélection que depuis octobre 2014. Fernando Santos remplace à ce moment-là Paulo Bento qui vient de perdre 1-0 à domicile face à l’Albanie lors de la phase de qualification pour l’Euro 2016.

Son premier match sera d’ailleurs face à la France et une défaite 2-1 au Stade de France. Quelques mois plus tard, Fernando Santos sera à nouveau défait par la France, 1-0, sur le territoire lusitanien le 4 septembre 2015. Deux matchs amicaux qui ne feront pas tâche sur l’ensemble de la campagne portugaise pour l’Euro car le Portugal de Fernando Santos, connu comme « l’ingénieur » au pays, n’a perdu aucune rencontre officielle depuis qu’il est sur le banc.

Ce dernier a d’ailleurs dérogé à toutes les règles en vigueur dans le football portugais en utilisant un système défensif, avec un bloc bas, et une possession de balle réduite, pour atteindre un objectif final : la victoire. Jusqu’alors aucun entraîneur n’avait osé proposer un système de jeu défensif dès le début de match et comme base de son jeu. Au Portugal, le « Joga Bonito » est souvent privilégié mais il n’a malheureusement apporté aucun titre à la sélection.

Cristiano Ronaldo, le collectif avant tout

Mais voici le moment de parler de la superstar de cet Euro, Cristiano Ronaldo. Le triple ballon d’or est à l’image de son entraîneur, un homme qui veut remporter un titre avec son pays. L’attaquant du Real Madrid a eu trois matchs pour montrer qu’une équipe portugaise offensive pouvait s’en sortir. Ce ne fut pas le cas, le Madrilène ne marquant qu’à deux reprises et ne remportant aucun match. Lui aussi s’est résigné à jouer comme Fernando Santos le souhaitait, en étant plus défensif et en jouant plus collectivement. On n’aura jamais vu autant de fois le capitaine de la sélection portugaise au poste de défenseur lors des corners ou des coups francs.

Cristiano Ronaldo au service de son pays à tous les postes et sacrifiant son appétit offensif, on aura tout vu ! Pourtant lui-même s’est rendu compte que depuis 2004 – année de son premier tournoi sous les couleurs du Portugal -, la sélection n’a strictement rien gagné et qu’il risque de subir le même sort que les générations d’Eusébio et de Luís Figo. L’attaquant né à Madère ne veut pas de cette fin ingrate, et Fernando Santos lui propose de gagner avec son pays, un rêve pour « CR7 »: « Je l’ai toujours dit, mon rêve, c’est de remporter un titre avec le Portugal, peu importe que ce soit un championnat du monde ou d’Europe, je veux gagner ». Toutefois, Cristiano Ronaldo essaye tant bien que mal de ne pas se mettre la pression : « Si je ne gagne rien avec le Portugal je ne serais pas déçu, car je suis fier de mon parcours. Au niveau individuel et de mes clubs, j’ai gagné tous les titres donc je ne pourrais pas être déçu de ma carrière. Mais je le répète, mon rêve, c’est de gagner enfin avec mes coéquipiers un titre pour le Portugal. »

Les points forts et les faiblesses

Ce dimanche, le Portugal va se présenter, certainement, avec le même onze que face au Pays de Galles avec un seul changement : l’entrée de Pepe et la sortie de Bruno Alves, un plus indéniable pour cette sélection lusitanienne.

La défense a d’ailleurs souvent été un point faible du Portugal depuis des années avec un gardien qui ne rassure pas forcément. Ce postulat tend à s’inverser, mais c’est surement encore l’une des faiblesses de la Selecção. L’autre, c’est l’inexpérience de son milieu de terrain avec quatre éléments très jeunes.

Adrien Silva, 27 ans, fait office d’ancien et pourtant il s’agit, au haut niveau, de sa première compétition européenne avec le Portugal. Danilo Pereira, 24 ans, dispute également son premier tournoi avec l’équipe nationale. Et que dire de João Mário, 23 ans, et Renato Sanches, 18 ans. Le premier était en finale de l’Euro des moins de 21 ans perdue face à la Suède il y a un an (0-0, 4-3 t.a.b), tandis que le second jouait encore pour l’équipe B de Benfica en octobre dernier.

Quant aux points forts, c’est justement ce bloc défensif qui n’a encaissé qu’un seul but depuis les huitièmes et son jeu en contre-attaque avec plusieurs cordes à son arc. Cristiano Ronaldo a marqué trois buts… tout comme Nani son binôme en attaque, sans oublier les buts de Ricardo Quaresma face à la Croatie et de Renato Sanches face à la Pologne. Le Portugal trouve d’autres solutions offensives, ce qui pourra être intéressant face à une sélection française qui n’est pas forcément impériale en défense et qui va certainement se concentrer sur « CR7 », ce qui est une erreur depuis les huitièmes.

Le Portugal n’est pas en finale par hasard. La Selecção est l’unique équipe a avoir su changer son fusil d’épaule au long du tournoi pour adapter son jeu dans l’optique de remporter pour la première fois de son histoire un titre européen qui lui avait échappé lors de l’Euro 2004. Une finale pour oublier ses démons d’il y a douze ans certes, mais également pour venger les deux défaites face à la France, qui étaient elles en demies, en 1984 à Marseille (3-2 après prolongations) et en 2000 à Bruxelles (2-1 après prolongations).