Baye Mandione: « Comment on a saboté mon combat en Gambie »

De retour de Gambie où il devait affronter le roi des arènes de ce pays, le leader de l’écurie Thiaroye Geum Sa Bop explique dans cet entretien les raisons qui ont fait avorter ce duel. Baye Mandione est très remonté contre la Fédération gambienne de lutte qui selon lui ne connait rien de lutte.

Après plus d’un an de préparation pour votre combat contre Khoyantane, roi des arènes de la Gambie, le duel s’est terminé en queue de poisson…

C’est incroyable et j’étais même déçu. C’est un combat que nous avons préparé pendant un an et il a été renvoyé à trois reprises. Les Gambiens ont réussi ce qu’ils voulaient, que le combat se termine en queue de poisson. Les promoteurs gambiens avaient comploté pour que le combat n’ait pas lieu. Parce qu’ils ne peuvent pas concevoir qu’un lutteur vienne en Gambie pour affronter leur roi des arènes. Ils craignaient que je terrasse Khoyantane. J’étais au courant qu’ils allaient saboter le combat. On me l’avait déjà dit. Khoyantane avait déjà livré quatre combats, tous inachevés. A chaque fois qu’il craint d’être battu ses proches font tout pour saboter le combat. Ce qui n’est pas bien. Ces comportements ne vont pas encourager les promoteurs sénégalais, qui avaient envie de décentraliser la lutte en Gambie. Le Sénégal et la Gambie, c’est le même peuple ; donc ce ne sont pas ces petits détails qui vont gâcher les relations fraternelles entre les deux pays. La façon dont s’est déroulé le combat est déplorable.

Pourquoi avez-vous refusé de vous couper les ongles, si l’on sait que c’est interdit ?

Même sans combat, je ne laisse jamais mes ongles pousser. Je les taille chaque semaine, parce que je suis un musulman. J’ai même interdit à mon épouse de laisser pousser ses ongles. Je m’étais bien préparé à cette éventualité de sabotage du combat. J’ai tout fait pour que le combat puisse se tenir. J’ai même attendu qu’il (mon adversaire) finisse sa préparation mystique pour entrer dans l’enceinte. Tout cela c’était pour éviter des accrochages. C’est à ce moment que j’ai dit à l’arbitre de donner le coup d’envoi, parce que j’’étais prêt. Ensuite, il m’a dit de tendre ma main dans laquelle j’avais une poudre. Je lui ai dit que je ne pouvais pas, parce que le vent pourrait emporter la poudre. L’arbitre m’a dit que si j’ai mis du henné c’est pour masquer mes ongles. Je suis ensuite allé vers le médecin, qui a vérifié. Mais il n’a rien décelé d’anormal. L’arbitre a voulu insister. Il a dit qu’il ne va pas siffler tant que je ne fais pas ce qu’il veut. Les Sénégalais sont témoins. Baye Mandione n’a jamais gâché un combat. Mais les Gambiens avaient muri leur plan, parce qu’ils ne voulaient pas que le drapeau vienne au Sénégal. Donc, il fallait saboter. C’est par la suite que mon adversaire est venu vers l’arbitre pour lui dire de lui donner la victoire puisque je refusais de me couper les ongles. Je ne pouvais plus me retenir et j’ai dit à l’arbitre que c’est un minable. Parce que s’il respectait son président de la République (Adama Barrow) le parrain du combat, il n’allait pas s’attarder sur des détails.

Est-ce que vous ne pouviez pas sauver ce combat, vu que vous affrontiez le roi des arènes de la Gambie ?

Je pouvais refuser ce combat. Parce que Khoyantane, personne ne le connaissait avant ce combat. C’est grâce moi qu’il est aujourd’hui célèbre et que tout le monde parle de lui. On m’a proposé beaucoup d’adversaires au Sénégal, mais j’ai tout laissé pour aller en Gambie. Et c’est la première fois qu’on voyait un monde pareil au stade pour un combat de lutte. Le stade était rempli, les Gambiens étaient massivement sortis. Ce n’est pas Baye Mandione, leader de l’écurie Thiaroye Gueum Sa Bopp qui était en Gambie, mais je portais le drapeau sénégalais. Il avait peur de moi. Même dans l’enceinte, il tremblait. Je savais qu’il n’allait jamais m’affronter.

Qui est à l’origine de tout cela… ?

Pourquoi n’ont-ils pas dit à Khoyantane d’aller se couper les ongles. C’est lui qui est allé donner aux arbitres des ordres pour qu’ils me demandent d’aller me couper les ongles pour qu’il puisse accepter de lutter. Le médecin est venu me dire que je n’ai pas le droit de demander à l’arbitre de siffler. Je pense qu’ils avaient besoin de mes doigts. Mais puisque je ne suis pas du genre à se laisser faire, j’ai dit non.

Est-ce que vous ne craigniez pas d’être atteint mystiquement ?

Il ne pouvait rien contre moi. Je crois en Dieu. Des Gambiens m’ont appelé pour me dire que la Fédération gambienne et Khoyante se sont réunis trois jours avant le combat. Le jour du combat, ils avaient interdit à mes accompagnants d’entrer dans le stade, parce qu’ils n’avaient pas de licences gambiennes. Vers 17 heures, mon marabout m’a dit que si jamais j’acceptais qu’on me coupe les ongles, je perdrais le combat. Et c’est même après le combat que j’ai reçu le message vocal de ce marabout.

N’aviez-vous pas peur ?

C’est moi qui ai vendu ce combat. Le promoteur a tout fait et a mis les moyens pour la promotion du combat. C’est grâce à moi que l’affiche a été ficelée. Il avait peur que je rentre au Sénégal avec la couronne. Mon objectif c’était de revenir une nouvelle fois en Gambie après ce combat. Je n’ai jamais passé d’année blanche dans ma carrière.

Êtes-vous prêt à repartir en Gambie pour un autre combat dans les prochains mois ?
C’est fini. Je ne vais plus partir en Gambie pour un combat. La Fédération gambienne de lutte ne connait rien en matière de lutte. Ses membres doivent être limogés par le Président Adama Barrow.