Mbaye Diagne : «Ce que je peux apporter à l’equipe nationale»

Dès sa descente de taxi hier, Mbaye Diagne a lâché un gros sourire avant de franchir le portail de l’hôtel Millenium de Paris qui sert de Tanière aux Lions (entretien réalisé lundi au premier jour du regroupement à Paris). Accroché, l’attaquant de Kasimpasa donne ses premières impressions d’international. L’enfant des HLM qui reconnaît croquer la vie à belles dents, a aussi évoqué sa vie de jet-setteur. 

Mbaye, vous venez de déposer vos bagages dans la Tanière. Que ressentez-vous ?  

Je suis très content d’honorer cette sélection. Je ne le dirai jamais assez, je suis très content de savoir que je vais enfin défendre les couleurs de mon pays. C’est vrai que je suis un peu fatigué mais ça va, ça vaut la peine.  

N’est-ce pas un rêve qui se réalise ?  

C’est vrai que j’ai toujours rêvé d’être là. C’est pourquoi je suis content parce que c’est un rêve qui se réalise.  

Êtes-vous surpris de cette sélection ? 

Franchement, non. Cette sélection ne m’a pas surpris. Avec mes performances et la voie où je me suis engagé, je savais que tôt ou tard la convocation tombera. Mais, je n’en ai pas fait une obsession. Le jour où on m’a annoncé la nouvelle, j’étais très content. C’était un dimanche, j’étais en route pour aller jouer un match de championnat. J’ai gardé le silence. Ce n’est qu’après la rencontre que j’ai appelé ma maman pour l’informer de la nouvelle. Elle était à la Mecque. Elle m’avait dit de rester serein et de continuer à faire mon travail parce qu’elle avait l’intime conviction qu’on m’appellera en sélection. J’ai aussi appelé certains parents. La liste n’était pas encore publiée. C’est juste la convocation qui était arrivée dans mon club. Mais, quelques jours après la publication de la liste, j’ai reçu beaucoup de messages d’encouragements venus de partout. À partir de là, j’ai compris que je dois mettre les bouchées doubles et tout faire pour ne pas décevoir les gens qui me font confiance. Là, il y a quelque chose qui m’attend parce que l’équipe nationale, c’est une responsabilité. 

Avez-vous discuté avec le coach avant qu’il ne vous convoque ?  

Non. Malheureusement, je n’ai pas échangé avec le coach. C’est Lamine Diatta qui m’a appelé pour m’informer et me donner en même temps l’itinéraire. Mais, on va certainement discuter avec Aliou Cissé. 

Que comptez-vous apporter à cette équipe du Sénégal ?  

Cette équipe est composée de grands footballeurs. Mais, n’oublions pas que le Sénégal n’a jamais rien gagné. Ce qui veut dire qu’il y a encore du chemin à parcourir. Aujourd’hui, à beau chanter les louanges de notre équipe nationale, son palmarès reste vierge. Personnellement, je suis venu pour apprendre parce que l’équipe nationale manque à mon curriculum vitae. Cependant, que les gens comprennent que je ne suis pas venu juste pour une convocation mais plutôt pour m’affirmer et aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Mon plus grand souhait aujourd’hui, c’est de faire partie de l’équipe qui apportera un premier trophée au Sénégal. C’est à partir de là que les gens nous respecteront. Que ce soit dans nos clubs respectifs ou ailleurs. 

D’aucuns pensent que si vous avez quitté la Chine pour l’Europe, c’est pour intégrer la Tanière… 

Bien sûr que oui. Malheureusement, beaucoup de personnes ne savent pas ça. En quittant la Chine, j’avais pris une décision importante mais aussi j’ai laissé derrière moi beaucoup d’avantages. J’ai choisi un championnat européen pouvant me permettre à porter le maillot national. Aujourd’hui, Dieu a exaucé mon vœu. Donc, si je suis là, je ne suis pas surpris parce que derrière, je me dis que le Tout Puissant l’avait déjà décidé. 

Quel est le secret de Mbaye Diagne ? Vous n’arrêtez pas de marquer des buts… 

Je suis en confiance c’est pourquoi je marque des buts. Là, mon objectif, c’est de terminer meilleur buteur du championnat turc. L’année dernière, j’ai marqué les esprits. Là, les gens sont en train de voir si je vais confirmer. Donc, j’ai conscience que je serai attendu. Tout le monde sait que c’est difficile de marquer des buts et en Turquie, il y a de très bons défenseurs. Je prie Dieu pour qu’Il me donne la chance de marquer encore des buts. Mais, en réalité, c’est avec le Sénégal que je veux plus marquer les esprits. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle on m’a sélectionné.  

Vous venez de prolonger avec Kasimpasa jusqu’en 2022. Pourtant, c’est un club que les Sénégalais ont découvert grâce à vous… 

C’est vrai. C’est ce que tout le monde me dit. Même moi, c’est quand je suis arrivé dans ce club que je l’ai découvert. C’est un club avec une grande ambition. Il est entouré par trois clubs mythiques : Galatasaray, Besiktas et Fenerbahçe. Pourtant, avant de prolonger, j’ai eu beaucoup de propositions : Galatasaray a manifesté le désir de m’enrôler, Sporting Lisbonne et d’autres équipes du Golfe. En Turquie aussi, il y a eu des équipes du même standing que Kasimpasa mais je n’ai donné aucune suite à toutes ces propositions là. Il faut aussi reconnaître que ce club m’a beaucoup aidé. Il m’a porté bonheur. Grâce à Kasimpasa je me suis bien relancé. J’ai certes signé jusqu’en 2022 mais le président lui-même sait bien que l’objectif c’est d’aller ailleurs. 

Au Sénégal, beaucoup de personnes pensent que vous êtes un jet-setteur ? 

Vous savez, au Sénégal, il est facile de juger une personne sans la connaître. Ceux qui me connaissent savent que quand je joue au football, je ne m’économise pas. Je vais jusqu’au bout de mes efforts. Sur le terrain, je fais mon travail convenablement. Maintenant, en dehors du terrain, c’est une autre vie. Même sur les réseaux sociaux, je vois des commentaires acerbes contre moi. J’en rigole parfois. 

Ce statut de jet-setteur ne vous porte-il pas préjudice ?  

Non du tout. Et puis, moi je ne vois pas les choses comme ça. Quand on reste dix mois dans un circuit fermé au club, pendant un mois et demi on peut être libre. J’ai mon épouse et une famille. J’essaie de vivre convenablement.  

Il y a certaines images qui choquent parfois… 

C’est vrai que certaines personnes pourront voir les choses autrement. Si je monte en scène pour offrir de l’argent en direct, ce n’est pas parce que j’ai demandé à un musicien de chanter ma gloire, non. Mais aussi, je suis un être humain. Depuis l’enfance, quand quelqu’un parle de moi, je veux tout le temps faire un geste à son endroit. Il ne faut pas que les gens voient ça de façon négative. J’ai des conseillers qui m’orientent. Aujourd’hui, il est clair que je ne ferai plus certaines folies que j’avais tendance à faire auparavant. Il m’arrive de faire attention. C’est vrai que je suis jeune mais je suis un responsable. Donc, je sais faire la part des choses.  

L’équipe nationale pourra-t-elle vous aider à grandir dans ce sens ?  

Bien sûr que oui. Aujourd’hui, je ne pourrai plus passer inaperçu au Sénégal. Donc, toutes les sorties doivent être contrôlées désormais. Je sais que mes moindres faits et gestes seront bien contrôlés par les journalistes. Je vais arrêter beaucoup de choses maintenant. Et comme je l’ai dit, l’équipe nationale va beaucoup m’aider.  

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