LDC CAF : Espérance, une remontada pour l’histoire

L’Espérance l’a fait ! En alliant le résultat et la manière.

Le doyen des clubs tunisiens a donné le coup d’envoi des festivités marquant son centenaire en ajoutant une troisième étoile sur son maillot.

Après 1994 et 1911, il a remporté vendredi dans un stade de Radès plein à craquer et dans une ambiance de feu la Ligue des champions Total 2018. Tout le staff de la Confédération africaine de Football emmené par le président Ahmed Ahmad était là, en plus d’un invité de marque, le président de la fédération internationale (FIFA), Gianni Infantino.

Pourtant, la tâche ne s’annonçait guère facile après la défaite (3-1) qui avait du mal à passer, une semaine plus tôt contre le géant continental, Al Ahly du Caire.

D’autant plus que durant les quarante-cinq premières minutes, rien ne laissait présager une chute aussi brutale des Egyptiens, très bien organisés défensivement et qui n’éprouvaient pas trop de peine pour endiguer les assauts désordonnés des Sang et Or, très crispés et parfois même perdus sur le terrain.

Soudain, l’étincelle qui va tout changer.

L’excellent arbitre éthiopien Bamlak Tessema décrète deux minutes de temps additionnel. Une belle combinaison au milieu permet à Khenissi, jusque-là complètement effacé, d’alerter Saad Beguir, le remplaçant de Frank Kom, suspendu. Bien placé, l’enfant du Stade Gabésien glisse le ballon sous le ventre du keeper cairote, Mohamed El Shenawy qui n’a pas eu dans cette première période  soporifique beaucoup à se déployer (45+2′).

C’est le tournant. En rentrant aux vestiaires sur ce coup d’éclat, les hommes de Mouine Chaabani se débarrassaient du plus gros du fardeau qui les tétanisait. Plus rien ne pouvait les arrêter.

Sur cette belle lancée, dès leur retour des vestiaires, ils enfoncent d’ailleurs le clou par le biais de l’inattendu Beguir qui bat de la tête à bout portant le portier ahlaoui sur un centre précis côté droit de Samah Derbali (54′).

La remontada est ainsi accomplie. Elle sera bonifiée par un superbe troisième but (86′) au terme d’un exploit individuel d’Anis Badri qui lui permet de terminer en tête du classement des buteurs de l’édition 2018 de la Ligue des champions (8 buts).

En face, aucune réaction de Solimane, Mouhareb, Mohsen et Mido Gaber qui étaient carrément aux abonnés absents. On a rarement vu Al Ahly aussi faible et passif, errant comme une âme en peine et essuyant un revers aussi net (3-0).

Il aura fallu une approximation du gardien tunisois, Ben Cherifia pour donner de petites frayeurs au public qui pouvait donner libre cours à la fête.

En s’imposant haut la main, l’Espérance Tunis empoche une prime de 2,2 millions d’euros, et représentera l’Afrique au Mondial des clubs, le mois prochain aux Emirats Arabes Unis.

En quarts de finale, elle sera opposée au vainqueur du match Al Ain-Wellington.

A 37 ans, Moine Chaabani devient le plus jeune coach à remporter la Ligue des champions. Un petit conte de fées pour l’ancien sobre défenseur axial de l’Esoérance et du CS Hammam-Lif.

 

 

Déclarations

 

 

Moine Chaabani (entraîneur de l’Espérance)

 

« Les Sang et Or se souviendront longtemps de ce sacre. Khaled Ben Yahia, mon prédécesseur,  a une part dans ce succès. Chacun de nous deux a son style. Pourtant, le parcours n’a pas été facile. Au départ, on n’était pas les favoris. Le président du club a accordé confiance à un staff technique très jeune. Mais au bout du compte, ce sont les joueurs qui ont voulu aller jusqu’au bout de l’aventure. Tout le mérite leur revient ».

 

Khelil Chammam (capitaine de l’Espérance)

« J’ai remporté beaucoup de titres dans ma carrière. Seulement, ce sacre a un goût particulier. On a su rester concentrés jusqu’au bout. Vraiment, il aurait été frustrant et bête de voir ce grand public repartir bredouille ».

 

Saad Beguir (auteur d’un doublé)

« Ce trophée va marquer toute ma carrière sportive. On n’oublie jamais un tel exploit dans une finale continentale. Nous avons bien réagi, mus par l’injustice que nous avions ressentie après la première manche. Une dédicace particulière à notre ancien entraîneur Khaled Ben Yahia qui a une large part dans ce triomphe ».

 

 

Anis Badri (auteur du 3e but de l’Espérance)

« Il n’y a rien à dire. Notre victoire a été nette et sans bavures. On a été solides après ce qui s’était passé au match aller. J’étais venu à l’Espérance pour gagner la Ligue des Champions League (8 buts). Dieu merci, mon voeu est exaucé. Maintenant, la pression va retomber, pour un moment seulement. Car les grands clubs ne peuvent pas vivre sans cette pression-là ».