JUVASM (2-1) : Entre froideur et réalisme, la Juventus file en finale
La scène est d’une implacable cruauté et traduit finalement la réalité d’un match qu’on rêvait à suspense : Miralem Pjanic tire un corner, parfaitement déposé dans la boîte et que Danijel Subasic repousse avec autorité des deux poings. Haut et fort, mais pas assez loin. Sur son côté droit, Dani Alves n’attend même pas que la balle touche le sol et reste fidèle sa qualité technique et son grain de folie en plaçant une volée du droit. But. Le deuxième déjà pour la Juventus Turin, qualifiée pour la finale de la Ligue des champions grâce à ses victoires contre l’AS Monaco ce mardi en demi-finale retour (2-1) et à l’aller (2-0).
Une domination stérile et vite punie
Difficile de ressentir une émotion face à cette équipe turinoise. Elle est bien trop froide de réalisme pour ça, aussi remarquable que cruelle. Comme une plante carnivore qui reste immobile, laisse sa proie approcher au plus près pour finalement la croquer sans retenue. Dans une composition d’équipe surprenante (Fabinho et Thomas Lemar étaient sur le banc), les Monégasques ont eu des occasions, se sont souvent approchés des cages de Gianluigi Buffon et ont même entamé le match tambour battant… pendant un quart d’heure. Dominer sans cadrer reste stérile. Et la punition n’a pas tardé.
Le gardien italien est au départ de l’action de l’ouverture du score signée Mario Mandzukic (33e minute), venu reprendre une tête d’Alex Sandro repoussée par Danijel Subasic. Froid, limpide, une remontée de terrain éclair pour la fin des illusions, confirmée avant la pause par le but d’un Daniel Alves qui termine ces demi-finales avec un bilan de deux passes décisives et un but… sur les quatre réalisations de son équipe.
Cette équipe de la Juve semble finalement invincible. Parce que même lorsqu’elle donne l’impression de subir, elle ne rompt pas. Leonardo Jardim a tenté un coup tactique avec son 3-4-1-2 (maintenu en dépit de la blessure de Nabil Dirar à l’échauffement). Percutant, au point de déstabiliser les hommes de Massimiliano Allegri pendant un quart d’heure. Pas plus. Même avec la blessure de Sami Khedira à la 10e minute. Même avec ces occasions repoussées par Glik, Subasic ou Raggi. Avec en prime deux buts à l’extérieur d’avance dans la besace, l’équipe turinoise ne craignait rien. Elle est sereine, efficace, réaliste.
Grandissima Juve ! Grandissimo Mbappé !
Que retenir de cette demi-finale ? Cette Juve fabuleuse, aussi froide que réaliste. L’aboutissement d’un certain football, pas vraiment passion mais plus action… voire réaction. Deux ans après sa désillusion contre Barcelone (3-1), le club turinois retrouve la finale de la Ligue des champions. Ce sera de nouveau face à un club espagnol, très vraisemblablement le Real Madrid (3-0 à l’aller contre l’Atlético). Un Real qui montre bien moins de maîtrise dans le jeu mais parvient presque toujours cette saison à se sortir de situations délicates avec le coeur. Le coeur ou la raison, un choc des cultures qui promet un duel au sommet.
L’autre enseignement de cette demi-finale est un brin chauvin. Monaco achève un parcours fabuleux, au coeur, au courage, à la cohésion de groupe. Cette équipe, qui s’envole vers le titre de champion de France, aura réconcilié certains avec les clubs français en Ligue des champions. Et au milieu de cette joyeuse et fabuleuse pépinière, un joyau brille encore un peu plus que les autres. Kylian Mbappé a inscrit le seul but monégasque dans cette confrontation aller-retour contre la Juve. Buteur à la 69e minute, il est devenu le plus jeune buteur de l’histoire des demi-finales de C1 à 18 ans et 140 jours. L’attaquant aura fini par faire vaciller puis céder Gianluigi Buffon, après avoir longtemps buté sur le gardien italien, lâchant même un « c’est impossible ! » rageux à la 67e minute. Leonardo Jardim s’apprêtait à le faire sortir avant qu’il ne marque. Il a renoncé devant celui qui a mis fin à 600 minutes d’invincibilité d’un des meilleurs gardiens de l’histoire. Excusez-le, Gianluigi.