Covid-19 : L’incertitude plane sur la Copa America

Contaminations au Covid-19 en hausse, violentes manifestations… un nuage d’incertitudes plane au-dessus de la Copa America, dont le coup d’envoi doit être donné dans un mois. Même si l’Argentine et la Colombie, les deux pays organisateurs, assurent, pour l’heure, qu’ils tiendront leurs engagements.

La révolte sociale gronde en Colombie depuis près de trois semaines et le pays a basculé dans la violence. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont fait 42 morts et plus de 1 500 blessés. Peu de Colombiens ont la tête au football, à l’exception du gouvernement qui en ferait un symbole d’unité alors que la Copa America est prévue du 11 juin au 10 juillet.

À l’heure actuelle, la tenue de la compétition à Medellin, Cali, Bogota et Barranquilla, où doit se disputer la finale le 10 juillet, semble difficilement imaginable. Le président colombien conservateur Ivan Duque a pourtant assuré il y a quelques jours que « la Copa va se dérouler […] dans les deux pays (l’Argentine accueillant aussi des matches) ». Selon lui, l’organisation de la compétition « serait un message important en ce moment ».

Marcelo Gallardo, entraîneur de River Plate : « Pas normal de venir jouer un match de football dans une situation aussi instable »

Pourtant, jeudi soir, des affrontements avec la police qui a tiré des gaz lacrymogènes aux abords du stade de Barranquilla ont forcé l’interruption à cinq reprises de la rencontre de Copa Libertadores entre l’équipe brésilienne de l’Atletico Mineiro et l’América de Cali (3-1). En fin de première période, les joueurs ont même été contraints d’aller se réfugier aux vestiaires. Mercredi à Pereira, le match entre l’Atlético Nacional et le Nacional (0-0) a débuté avec une heure de retard en raison d’incidents à l’extérieur de l’hôtel où logeait l’équipe uruguayenne.

À Barranquilla, celui entre l’Atlético Junior et le club argentin de River Plate (1-1) a été suspendu pendant quelques minutes à cause des gaz irritants. L’entraîneur de River Plate, Marcelo Gallardo, ex-joueur de Monaco et du PSG, a estimé après la rencontre qu’ « il n’est pas normal de venir jouer un match de football dans une situation aussi instable, au milieu de ce que vit le peuple colombien ».

Vendredi, le coordinateur de la sélection brésilienne de football, Juninho Paulista, a dit suivre « la situation au quotidien, en dialogue avec la CONMEBOL », l’instance du football sud-américain. Le sélectionneur brésilien Tite a fait part de son « inquiétude » lors de l’annonce du groupe pour les qualifications sud-américaines au Mondial 2022, qui se disputeront la semaine précédant le match d’ouverture de la Copa America, le 13 juin à Buenos Aires.

Le silence radio des autorités argentines

Jeudi, lors d’une réunion virtuelle, le Conseil de la CONMEBOL n’a abordé le sujet de la Copa America que de manière indirecte, a indiqué une source interne à l’AFP. Pourtant, les rumeurs étaient insistantes ces derniers jours sur d’autres pays prêts à remplacer l’hôte colombien au pied levé.

La Colombie « reste décidée » et sa volonté d’organiser l’événement « n’a jamais fait l’objet du moindre doute » pour l’instance, a cependant assuré cette source. Si l’inquiétude ne semble pas transpirer de la CONMEBOL, le président argentin Alberto Fernandez avait lui pourtant été moins catégorique que son homologue colombien.

« Je ne veux pas gâcher la fête de la Copa America, mais je veux que nous soyons très raisonnables, très prudents. Comme la plupart des pays d’Amérique du Sud, l’Argentine et la Colombie font état d’une forte augmentation des cas d’infection au Covid-19, ce qui met le système de santé à rude épreuve », avait-il mis en garde fin avril. Depuis, c’est silence radio des autorités argentines sur le sujet, occupées à tenter de freiner la flambée des infections.

En Colombie, le taux d’infection pourrait même augmenter en raison des foules rassemblées lors des manifestations. La CONMEBOL a misé sur la vaccination de l’ensemble du monde du football professionnel en Amérique du Sud en répartissant les 50 000 doses de vaccin offertes par la société pharmaceutique chinoise Sinovac.

Lequipe