Coupe du monde 2018 (qualifications) : comment l’Argentine en est arrivée à jouer sa peau sur son dernier match ?
Sixième de la zone Amsud, l’Argentine va jouer sa qualification pour le Mondial 2018 lors de son dernier match des éliminatoires, en Équateur (1h30, heure française). Comment l’Albiceleste, avec Lionel Messi et son armada offensive, en est arrivée là ?
Journées 1 et 2 : des débuts totalement ratés
Battue aux tirs au but en finale de la Copa America 2015 par le Chili, début juillet, l’Argentine commence son parcours dans les qualifications trois mois plus tard en recevant l’Équateur. Et le scénario tourne au cauchemar. Déjà privée de Messi, blessé, l’Albiceleste perd Agüero, touché à la cuisse, au bout de 20 minutes. Le joueur de City sort du terrain en pleurs.
Surtout, l’Argentine craque à deux reprises en 86 secondes (à la 81e et 82e), pour la première défaite de son histoire à domicile face à l’Équateur (0-2). Cinq jours après, muette, elle concède le nul au Paraguay (0-0), qu’elle avait atomisé en demi-finales de la Copa America (6-1).
Journée 3 : toujours pas de victoire
Avec un seul point gagné en deux rencontres, l’Argentine doit battre son grand rival, le Brésil, pour s’élancer enfin dans ses qualifications. Raté. Portés par un grand Di Maria en première période, les joueurs de Gerardo Martino ouvrent pourtant le score par un autre Parisien, Ezequiel Lavezzi. Mais cela ne suffit pas.
Lucas Lima égalise en seconde période et l’expulsion de David Luiz, en fin de rencontre, ne change rien. Les deux équipes se séparent sur le score de 1-1. Prévue la veille, la rencontre avait dû reportée en raison des intempéries. Un report qui colle parfaitement à cette Argentine, qui ne semble pas avoir encore débuté ses qualifications.
Journées 4 à 6 : un impressionnant rebond
Malgré de nombreuses absences sur blessures (Messi, Tévez, Agüero, Pastore), l’Argentine gagne enfin lors de la 4e journée, en novembre 2015 en Colombie, sur un but de Biglia bien servi par Lavezzi (1-0). Le vice-champion du monde, lancé, enchaîne alors les succès : 2-1 au Chili (avec un but de Di Maria), pour une revanche de la finale de la Copa America, et 2-0 contre la Bolivie, avec le premier but de Messi dans ces qualifications. Nous sommes alors en mars 2016.
Journée 7 : un succès après la crise et avant…. la crise
Avant de recevoir l’Uruguay en septembre 2016, un cataclysme s’est abattu sur l’Argentine : le pays a encore perdu en finale de la Copa America (la Copa America Centenario), une nouvelle fois aux tirs au but face au Chili ! Une déflagration qui en amène d’autres : Lionel Messi annonce sa retraite internationale, plusieurs cadres songent à l’imiter (Mascherano, Agüero et Higuain), et Gerardo Martino démissionne.
Contre la Celeste, l’Abiceleste s’impose sous les ordres de Edgardo Bauza (1-0), son nouveau sélectionneur, avec un seul but signé… Messi, qui est revenu sur sa décision. Mais si ce succès permet à l’Argentine d’occuper la première place des qualifications après 7 journées, la défaite en Copa America a fait mal. Très mal.
Journées 8 à 11 : la dégringolade
Juste après son succès contre l’Uruguay, l’Argentine – sans Messi, Agüero ni Higuain – arrache le nul face au Venezuela (2-2). Un mois plus tard, elle est de nouveau accrochée au Pérou (2-2). Puis, toujours sans Messi, elle est surprise à domicile par le Paraguay (0-1) dans un match au déroulement cruel : Di Maria et Higuain ont touché le poteau, tandis qu’Aguëro a raté un penalty.
Le match suivant est une humiliation : l’Argentine chute lourdement sur la pelouse de son plus grand rival, le Brésil (0-3), punie par des buts de Coutinho, Neymar et Paulinho. «On a touché le fond, admet Messi. Nous sommes responsables de la situation merdique dans laquelle nous nous trouvons.» Avec deux points récoltés en quatre journées, l’Argentine est redescendue à la 6e place.
Journées 12 et 13 : les dernières victoires
Une polémique éclate juste après la déconvenue brésilienne, rendant l’avant-match face à la Colombie très tendu : les joueurs annoncent le boycott de la presse en soutien à Ezequiel Lavezzi, soupçonné d’avoir consommé du cannabis. En revanche, cela va mieux sur le terrain. L’Albiceleste se reprend bien en battant 3-0 la Colombie, portée par un exceptionnel Messi : la puce atomique inscrit un but et délivre deux passes décisives, dont une pour Di Maria.
Quatre mois plus tard, elle enchaîne face au Chili grâce à un penalty de Messi (1-0). Sa prestation a été lénifiante, mais les trois points de la victoire la hissent à la 3e place du classement. On ne le sait pas encore, mais il s’agira de sa dernière dans ces éliminatoires.
Journées 14 à 17 : retour en enfer
Pour avoir insulté un arbitre assistant face au Chili, Messi écope initialement de quatre matches de suspension. Si cette dernière est rapidement levée, il n’a pu, entre-temps, disputer le match en Bolivie. Et à 3600 mètres d’altitude, l’Albiceleste, 2e nation Fifa, tombe de haut en perdant face à l’avant-dernière de la zone Amsud (0-2). Ce revers coûte cher à Edgardo Bauza, démis de ses fonctions.
Nouveau sélectionneur, Jorge Sampaoli obtient le nul en Uruguay (0-0), en août 2017, pour le premier match au score vierge entre les deux pays depuis vingt ans. Porteur d’espoir, ce changement de technicien ne change finalement rien. L’Argentine est tenue en échec au Monumental par le Venezuela (1-1), dernier et déjà éliminé, ce qui lui vaut d’être raccompagnée au vestiaire par des huées.
Et un mois plus tard, elle concède encore le nul, cette fois à la Bombonera, face au Pérou (0-0). Avec une série de trois points pris en quatre journées, le vice-champion du monde a rechuté à la sixième place du classement. Il ne lui reste plus qu’un match, en Équateur cette nuit, pour échapper au pire. Et au regard de sa forme actuelle, ce n’est vraiment pas gagné.