Côte d’Ivoire : Ces Éléphants se sont énormément trompés
Pour ne pas rater leur première Coupe du monde depuis 2006, les Ivoiriens n’ont d’autre option que la victoire ce samedi face au Maroc (17h30).
On ne succède pas à la génération dorée emmenée par Didier Drogba et Yaya Touré comme ça. L’ombre de l’échec plane aujourd’hui sur Abidjan, l’ombre d’une élimination en Coupe du monde après trois participations d’affilée. Les certitudes d’un temps ont été détricotées depuis la victoire à la CAN 2015, depuis la retraite des frères Touré, de Tiéné, de Copa, dans la foulée de celle de l’idole de Chelsea.
La sortie dès la phase de groupes, lors de la CAN au Gabon en janvier, marquait déjà les prémices d’un déclin. L’arrivée de Marc Wilmots en mars n’a pas changé le sens de l’histoire. Au contraire, la dynamique s’est inversée dans le duel à distance avec le Maroc, après une défaite à domicile contre le Gabon (1-2, le 5 septembre) et le nul au Mali (0-0, le 6 octobre).
Le sélectionneur a appréhendé le foot africain avec un prisme trop européen en oubliant les spécificités locales. Sa première erreur a été de donner le brassard à Serge Aurier au détriment de Gervinho, l’Ivoirien le plus décisif depuis très longtemps : on ne badine pas avec ce bout de tissu dans le groupe et il s’en est suivi une mini-crise. Le Belge a réglé l’affaire en désignant le plus capé, honneur qui revenait à Salomon Kalou qui l’a refilé à Gervinho, son suivant dans la liste et son grand ami. Mais cela a-t-il dissipé le malentendu ?
La qualif ou la porte pour Wilmots
Une forme d’incompréhension chez certains a accompagné le management de Wilmots, ses rappels fréquents de ses années à la tête des Diables rouges (2012-2016) ne faisant pas non plus l’unanimité. Et s’est-il assez appuyé sur les cadres pour comprendre le contexte ivoirien ? Pas certain… Sur le terrain, on ne voit pas grand-chose en dépit d’un succès convaincant au Gabon (3-0, le 2 septembre).
Wilmots n’est pas le seul responsable de la situation actuelle. Pas facile pour lui de s’imprégner en accéléré de nouvelles réalités, de casser son disque dur dans des conditions parfois délicates.
Le manque de rigueur de ses dirigeants, à ses yeux, l’a parfois énervé et il a été abandonné par une Fédération en pleine crise. La nomination très récente comme adjoint de Kolo Touré participe aussi d’une forme d’effritement de son pouvoir, comme s’il s’agissait de l’ultime tentative pour inverser la courbe. En cas d’élimination, Wilmots ne resterait certainement pas : lui comme la Fédération ont cette issue en tête. Les joueurs ne doivent pas être épargnés dans le constat actuel, à l’image d’un Éric Bailly, suspendu contre le Maroc, qui semble avoir pris un peu trop d’assurance depuis son arrivée à Manchester United à l’été 2016… Franck Kessié (AC Milan) et Jean-Michaël Seri (Nice), absent pour blessure – tout comme le Rennais Joris Gnagon -, ne possèdent pas sous le maillot des Éléphants la même influence que dans leurs clubs.
Wilmots va donc devoir s’en remettre aux anciens : Gervinho, qui revient de blessure, Salomon Kalou et Max-Alain Gradel. Sera-ce suffisant ? Le retour de Wilfried Zaha peut l’aider à dynamiter la défense marocaine mais le dribbleur de Crystal Palace n’a jamais évolué à Abidjan. Comment résistera-t-il à la pression locale ? Les Ivoiriens se disent pourtant confiants, sûrs de pouvoir réussir.