Coronavirus : Les voix s’élèvent pour reporter l’Euro 2020

Dans un contexte d’urgence sanitaire, la tenue de l’Euro 2020 cet été paraît impossible. Réunie en comité exécutif demain à Nyon, l’UEFA va trancher cette question qui aura forcément un impact sur tout le reste. En attendant, de plus en plus de dirigeants appellent à décaler la compétition pour favoriser la reprise des championnats domestiques et préserver l’économie des clubs.

La pandémie de coronavirus bouleverse tout sur son passage. Le football ne fait pas exception. Face à l’urgence sanitaire, c’est demain que l’UEFA doit rendre une décision importante. Dans ces conditions, il semble impossible de voir l’Euro 2020 se tenir entre le 12 juin et le 12 juillet, à travers 12 villes européennes et dont le lancement doit avoir lieu à Rome, actuellement en quarantaine. Il s’agit donc de trouver une solution pour reporter la compétition, voir l’annuler purement et simplement. Ça serait une première dans l’histoire du Championnat d’Europe des Nations depuis sa création en 1960.

Après la solution d’un report à l’été 2021, ce week-end, le Telegraph avançait l’idée d’un Euro se déroulant cet hiver vers le mois de décembre. Cela permettrait aux calendriers européens de se caler sur la Coupe du Monde 2022, qui doit avoir lieu à cette même période de la saison au Qatar. Quoi qu’il se passe demain à Nyon, toute autre hypothèse qu’un maintien est la bienvenue. Depuis plusieurs jours maintenant, de plus en plus de dirigeants demandent le report de l’Euro. Cela semble de plus en plus inéluctable.

Les leaders européens donnent la priorité aux championnats

En Italie, épicentre européen de l’épidémie, l’évidence s’est imposée depuis longtemps déjà. « Nous proposerons à l’UEFA le report du Championnat d’Europe » prévient Gabriele Gravina, le président de la fédération italienne, sur Sport Mediaset ce week-end, qui souhaite d’abord voir les championnats domestiques se terminer avant d’envisager la suite. « Nous allons essayer d’arriver à la fin de ce championnat car cela est plus juste et plus correct après les nombreux investissements et sacrifices de nos clubs. »

Roberto Mancini est sur la même longueur d’onde que son supérieur hiérarchique, reléguant le ballon rond au second plan. « Pour l’heure, la priorité est de sauver des vies »envoie le sélectionneur de la Squadra Azzurra sur la Rai, se permettant même une pointe d’humour. « Si nous pouvions gagner le Championnat d’Europe cet été, nous pouvons aussi le gagner en 2021. » En Allemagne également, on est catégorique. L’Euro ne doit pas avoir lieu dans ces conditions. D’une part, il s’agit de protéger les populations car le virus ne fait pas de distinction. D’autre part, ce report offrira plus de marge de manœuvre aux différents championnats.

L’économie du football à protéger en priorité

Dans un communiqué apparu ce lundi, la Ligue allemande de football (DFL) « table fermement sur un report de l’Euro 2020. » Son président Christian Seifert explique également que ce sont 56 000 personnes qui sont directement tributaires de la tenue des deux premières divisions professionnelles, en plus de quelques milliers de personnes supplémentaires indirectement touchées. « Il va arriver un point où ces clubs sans public, sans droits télés et sans revenus de sponsoring vont être menacés dans leur existence même, et avec eux des milliers d’emplois. » Une reprise des matches à huis clos, quand l’épidémie sera passée, est à l’étude en Allemagne dans le but de sauver les droits télés engagés.

Dans ce comité exécutif de l’UEFA, ce ne sont pas seulement les 55 présidents de fédérations et de ligues qui seront présents mais également les différents dirigeants de clubs. Il n’y a pas que l’Euro qui est en jeu. C’est bien toute la mécanique européenne du football et son économie qui se cherche une solution pour réadapter ses calendriers, ses compétitions continentales et domestiques. Un véritable consensus a besoin d’être trouvé même si pour cela, l’effet domino provoqué par ces reports doit préserver certaines compétitions au détriment d’autres. Les matches des équipes nationales ne semblent pas être la priorité.

Les débats s’annoncent tendus à l’UEFA

Dans l’Equipe vendredi dernier, Noël Le Graët promettait que les prochains matches amicaux des Bleus ne se tiendront pas. Il semble lui prêt à bousculer le calendrier malgré l’intérêt de la FFF à maintenir ces rencontres. « Le foot est éternel, qu’il y ait un ou deux mois de décalage, ça ne changera pas vraiment les valeurs du foot. On souhaite vaincre le virus le plus vite possible, que nous ayons le temps de reprendre dans des délais courts mais on est prêt à jouer au mois de mai, juin, juillet si ça convient. » Dans ce contexte, il paraît plus sage de reporter un Euro qui ne ferait que multiplier des risques sanitaires mais les débats seront forcément houleux, argumente le même président de la FFF à un autre entretien au Parisien« Certains pays sont en grosse difficulté et ne souhaitent pas d’Euro et d’autres veulent le maintenir. » Réponse demain.