Angleterre : Avant Rooney, eux aussi sont rentrés au bercail

Treize ans après son départ, Wayne Rooney a profité du mercato d’été pour revenir à Everton, son club formateur. Avant l’attaquant anglais, d’autres avaient déjà éprouvé le retour aux sources. Avec plus ou moins de succès.

1. Le retour au Barça sans y avoir joué

La Masia a sorti dans les années 2000 quantité de joueurs majeurs (Iniesta, Messi, Sergio Busquets, Victor Valdes…). Mais le Barça a également laissé filer plusieurs de ses pépites. En 2003, estimant qu’il aurait du mal à se faire une place dans l’effectif catalan, Cesc Fabregas, alors âgé de 16 ans, quitte le club blaugrana pour Arsenal. Huit ans plus tard, le Barça rapatrie le milieu de terrain contre 30 millions d’euros. Il n’y restera que trois saisons, avant de reprendre la route de la Premier League, à Chelsea, lors de l’été 2014. L’éclosion de Gerard Piqué est également passée par l’exil. À 17 ans, il est transféré à Manchester United où il restera trois saisons avant d’être prêté à Saragosse, puis de revenir à Barcelone. Parti dans l’anonymat sans avoir joué un seul match avec l’équipe première, Denis Suarez est rentré en Catalogne l’été dernier. Le Barça a fait jouer la clause de rachat du joueur qui avait passé deux saisons loin de son club formateur, à Séville puis à Villarreal et qui a réalisé une saison dernière honorable (26 matchs).

2. Un classique en Amérique du Sud

Explosion précoce, exil européen et retour au pays en fin de carrière: voilà le schéma traditionnel suivi par de nombreux joueurs sud-américains. Pablo Aimar est notamment revenu à River Plate, un club qu’il avait quitté durant treize ans. Juan Roman Riquelme a, lui, porté en fin de carrière les maillots des deux premiers clubs pour lesquels il a joués: Argentinos Juniors et Boca Juniors. Veron a effectué son retour à Estudiantes, et en est devenu le président en 2014. A l’été 2015, le tout récent finaliste de la ligue des champions, Carlos Tévez avait laissé parler son coeur en rentrant à Boca Junior. Avant de faire le choix de l’argent et de signer en Chine, lors du dernier mercato d’hiver. Même appétence pour le retour à la maison chez les Brésiliens: Robinho à Santos, Adriano à Flamengo, ou encore Nilmar à l’Internacional…

Nicolas Anelka a fait son retour à Paris en 2000 (L'Equipe)
Nicolas Anelka a fait son retour à Paris en 2000 (L’Equipe)

3. L’Ajax aime ses anciens

L’Ajax est une grande maison qui retrouve avec plaisir les talents qu’elle a fait éclore. Il en a ainsi été avec le plus grand d’entre eux, Johan Cruijff. Huit ans après avoir quitté le club hollandais pour le Barça, le triple Ballon d’Or (1971, 1973, 1974), également passé par les Los Angeles Aztecs, les Washington Diplomats et Levante, revient à l’Ajax. Malgré ses 34 ans, il marque 14 buts en 36 rencontres et remporte le Championnat. Mais ses dirigeants refusent de le prolonger et Cruyff termine sa carrière chez le rival historique, le Feyenoord, où il réussit le doublé. Frank Rijkaard a, lui, 30 ans quand il revient dans son club de formation. Un come-back glorieux puisqu’il remportera la Ligue des champions en 1995 aux côtés des jeunes Seedorf, Kluivert, Davids (lui aussi repassé par l’Ajax dix ans après son départ)…

4. Revenir quand on n’est pas trop vieux

Pas toujours besoin d’avoir dépassé la trentaine pour revenir au bercail. Nicolas Anelka était âgé de 21 ans quand il effectua son retour (pas franchement réussi) au PSG. Lukasz Podolski en avait 24 lors de son «come-back» (flamboyant : 35 buts en 3 saisons) à Cologne après trois saisons au Bayern Munich et malgré l’intérêt de grands clubs européens. Autre champion du monde allemand, Mario Gotze est rentré à Dortmund, l’été dernier, au même âge que son compatriote (24 ans). Paul Pogba était quant à lui âgé d’une année de moins, l’été dernier, lorsqu’il est devenu, en revenant à Manchester United, le joueur « le plus cher de l’histoire ».

Andrei Chevtchenko lors de son dernier passage à Kiev en 2009 (L'Equipe)
Andrei Chevtchenko lors de son dernier passage à Kiev en 2009 (L’Equipe)

5. Les stars du foot européen rentrent chez elles

Comme les footballeurs sud-américains, les joueurs européens finissent parfois par rentrer au bercail. Après plusieurs saisons à Liverpool ou Chelsea et quelques mois à l’AC Milan, Fernando Torres est revenu à l’Atlético de Madrid en janvier 2015. L’appel du retour touche également les footballeurs venus de pays dont les Championnats ne sont pas les plus fameux. Après dix années couronnées de succès (Milan AC, Chelsea) au point de remporter le Ballon d’Or en 2004, l’Ukrainien Andreï Chevtchenko est accueilli en héros par le Dynamo Kiev. Il y marquera, encore et toujours, des dizaines de but, même en Coupe d’Europe, avant de tenter une carrière en politique. Jari Litmanen (Lathi et Helsinki), Alexander Frei (FC Bâle), Henrik Larsson (Helsingborgs), Milan Baros (Banik Ostrava) ou encore Kim Kallstrom (Djugardens) ont, eux aussi, retrouvé leur club formateur en fin de carrière.

6. Pareil pour les joueurs de L1 et ça se passe bien…

Les footballeurs de L1 ne font pas exception. Ils sont nombreux à rentrer à la maison après avoir écumé l’Europe, comme Christophe Dugarry à Bordeaux qui a dû regagner le cœur des supporters furieux de l’avoir vu mouiller le maillot du rival marseillais, ou Eric Abidal, à Monaco, où il a fait une excellente première partie de saison avant de perdre sa place. Maxime Bossis (Nantes), François Modesto (Bastia) ou Yoann Gourcuff (Rennes) sont d’autres exemples de retours réussis. Entre ses pérégrinations plus ou moins heureuses, le Marocain Youssouf Hadji est même repassé deux fois par Nancy depuis qu’il a quitté son club formateur.

Ludovic Giuly sous les couleurs de Chasselay en 2014 (L'Equipe)
Ludovic Giuly sous les couleurs de Chasselay en 2014 (L’Equipe)

7. …ou pas

La nostalgie peut pousser à prendre de mauvaises décisions. Souvent, le retour dans le club de ses débuts se passe mal. Venu finir sa carrière à Caen, à 35 ans, Jérôme Rothen résilie son contrat au bout de quelques mois, jugeant que «ce dernier challenge était une erreur». Lors de son deuxième passage à Auxerre, Olivier Kapo y a surtout connu des blessures et une relégation en deuxième division. De retour à Rennes en 2007, à 33 ans, Sylvain Wiltord, lui, finit par s’embrouiller avec son entraîneur Guy Lacombe et perd sa place. A l’étranger, les retours de Michael Ballack au Bayer Leverkusen et de Rio Ferdinand à QPR n’ont pas non plus été de franches réussites.

8. Rentrer au bercail, même dans des clubs qui ne sont pas de l’élite

L’amour du chez-soi est tellement fort que même les joueurs qui n’ont pas débuté dans un club de premier plan sont tentés de venir y vivre de paisibles derniers jours. A la fin de sa carrière professionnelle, Ludovic Giuly décide d’honorer la promesse qu’il avait faite au président du club de ses débuts et revient à Chasselay. L’ancien joueur du Barça a alors évolué dans un stade qui porte son nom… Autres exemples : les anciens Marseillais Frédéric Brando et Johnny Ecker, revenus respectivement à Toulon et Nîmes.

Eden Hazard, Cesar Azpilicueta et Didier Drogba fêtent un but de Chelsea (Reuters)
Eden Hazard, Cesar Azpilicueta et Didier Drogba fêtent un but de Chelsea (Reuters)

9. Revenir avant d’intégrer l’encadrement

Pour certains, revenir à la maison après avoir vu autre chose est le moyen de s’y installer durablement en intégrant l’encadrement. Après avoir connu l’Angleterre, l’Espagne et des clubs huppés de L1 (OL, OM), Eric Roy rentre à Nice pour finir sa carrière, puis est nommé directeur du marketing, directeur sportif et enfin entraîneur, expérience qui se finira par un procès. Capitaine emblématique du RC Lens, Jean-Guy Wallemme y est retourné avant de raccrocher les crampons puis en deviendra l’entraîneur sept ans plus tard. Philippe Delaye (Montpellier) et Lionel Letizi (Nice) ont, eux aussi, bouclé la boucle sportive en intégrant le staff de leur club formateur après y avoir terminé leur carrière.

10. Revenir là où on a été un héros

Ce n’est pas leur club formateur mais c’est tout comme. Après avoir durablement brillé lors de leur premier passage au point d’en devenir des icônes, certains joueurs finissent par considérer comme chez eux des endroits où ils ne sont pas nés. Et s’y repointent en héros: Henry à Arsenal, Drogba à Chelsea, Kaka au Milan AC, Barthez à l’OM, Lizarazu et Matthaus au Bayern, Lucho Gonzalez à Porto… Souvent, même quand ce n’était pas le cas la première fois, ils récupèrent le brassard de capitaine, comme Kaka, ou Laslandes à Bordeaux.

Cet article est paru initialement en janvier 2015, à l’occasion du transfert de Fernando Torres à l’Atlético Madrid.