Amara Traoré révèle son secret : « Comment j’ai fait pour battre le Cameroun…»
Amara Traoré est le dernier entraîneur de l’équipe du Sénégal à avoir battu l’équipe du Cameroun, par ailleurs adversaire des Lions ce samedi en quart de finale de la CAN 2017 au Gabon. Dans cette interview qu’il a accordée à Metrodakar, l’ancien coach des Lions est largement revenu sur la préparation des deux matchs contre les Lions indomptables. L’ex coach de la Linguère de Saint Louis s’est aussi confié sur la CAN 2012 à Bata où son équipe avait connu trois revers de suite. Si certains parlent de «Xon» dont serait victime l’équipe de 2012, Amara lui, préfère «rester dans le rationnel»… ENTRETIEN…
Vous êtes le dernier coach du Sénégal à avoir battu l’équipe du Cameroun. Selon vous, quelle est l’équipe la plus forte entre celle que vous avez gagné et celle d’aujourd’hui ?
L’équipe qui était là avait plus d’individualités et était plus complète. Il y avait Eto’o, Nkoulou, Mbia etc. et comme on dit, c’était des joueurs qui avaient fait toutes les guerres. Or, l’actuelle équipe du Cameroun est composée pour la majorité de jeunes.
Pour le match du samedi, vous vous attendez à quel genre de match ?
Je tiens d’abord à féliciter l’encadrement. A commencer par Aliou Cissé, et le président de la fédération. Sinon pour le match du samedi, je dois dire que l’équipe du Sénégal est dans une courbe ascendante. Cette équipe, elle fait vraiment peur. Et, la notion de peur a carrément changé de camp. A l’époque, quand on disait qu’on affronte le Cameroun, il y avait des doutes. Mais aujourd’hui, le doute est du côté camerounais. Maintenant sur le plan du jeu, on voit une équipe camerounaise qui concède peu d’occasions de but mais également qui en crée peu. Alors, Cela veut dire que c’est une équipe compacte qui joue avec un bloc d’équipe bas. Mais avec un coté droit très fort. Et, tout son plan de jeu se développe sur ce côté-là avec leur joueur que l’on nomme Messi (Christian Bossogog, NDLR). Ils attendent alors une erreur de l’adversaire pour l’exploiter. Mais, Je crois que le Sénégal a du répondant avec des joueurs capables de déverrouiller toute sorte de système. Je veux citer Sadio Mané, Diao Baldé Keita et plus ou moins Ismaëla Sarr. Mais, n’oublions pas que c’est une rencontre à élimination directe. Et dans ce genre de match, David peut toujours battre Goliath
Qui est l’équipe favorite a votre avis ?
C’est le Cameroun. Et, Aliou Cissé a parfaitement raison de le dire.
Et qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Si on prend se réfère aux titres gagnés, le Cameroun passe devant le Sénégal. Et, ce n’est pas le classement FIFA qui va changer la donne. Du côté sénégalais, on doit rester dans la peau de l’outsider redoutable
Redoutez-vous des Joueurs en particulier d’un côté comme de l’autre ?
Effectivement ! Par exemple pour le Sénégal, il y a des joueurs comme Diao Baldé Keita et Sadio Mané qui peuvent changer à tout moment le cours d’un match. Même Moussa Sow en est capable. Aussi, Cheikhou Kouyaté, de par ses incursions en attaque, peut faire basculer une partie. Côté camerounais, il y a Christian Bossogog. Il y a également Benjamin Moukandjo dans un style de numéro 9.
Comment doit-on aborder ce match selon vous ?
Cette équipe camerounaise, on doit la respecter et ne pas la sous-estimer. Parce que ce sont de vrais compétiteurs. Sinon, il faudra batailler très dur pour se tirer d’affaire. Le football a un principe guerrier. Alors pour le match de ce samedi, il faudra guerroyer.
Il y’a un débat autour du choix de Mame Biram Diouf. Pour certains, c’est Moussa Sow qui devrait débuter. Qu’est-ce que ce débat vous inspire ?
Ça m’inspire de laisser le laisser le choix à l’entraineur. Il est mieux placé pour faire son choix. Il a son projet, cette affinité avec son groupe. Faisons confiance à Aliou et soyons tous derrière l’équipe.
Contre l’Algérie, on a vu une équipe sénégalaise complètement remaniée. A votre avis, Est-ce que c’était une bonne idée ?
Le Sénégal s’est qualifié au bout de deux matchs. Et si le coach n’avait pas fait tourner, les gens allaient en parler. Et l’inverse aussi était valable. Mais, l’entraineur a toujours raison quand il gagne. Et puis ce qu’il a fait, beaucoup d’équipes le font. De toute façon il s’était déjà qualifié et rien ne pouvait lui arriver
Concrètement, pensez-vous que cette équipe sénégalaise peut venir à bout de son adversaire du samedi ?
Oui, je le pense sincèrement. On a toutes les forces pour battre cette équipe du Cameroun.
Pouvez-vous nous raconter une anecdote du Sénégal/Cameroun lors des qualifications de la CAN 2012 à Bata ?
D’abord, j’avais instruit Alassane Dia à suivre le Cameroun aux détails dès le tirage. Et pour le match allé à Dakar, Issiar Dia ne devait pas jouer. Il a fallu que je fasse pression sur le corps médical qui avait d’ailleurs fait un travail énorme (le joueur était blessé au mollet avant le match, NDLR). Et, la nuit du vendredi au samedi, seul dans ma chambre, j’ai décidé de sortir un joueur pour mettre Issiar dans les dix huit. Après, c’est Issiar qui fait la différence pour un but de Demba Ba (but marqué à la fin du match et victoire du Sénégal 1-0, NDLR).
Et au match retour, vous avez choisi Bouna Coundoul à la place de Khadim Ndiaye. Qu’est-ce qui expliquait ce choix ?
(Il rit avant de répondre, NDLR). Ce qui s’était passé, je ne vais pas le révéler. Parce que c’est un secret vestiaire comme on dit. Il y a de ses secrets qu’on ne dit pas, et ceci, pour protéger l’équipe nationale. Mais l’essentiel, c’est que le choix était payant.
Lors de la CAN de Bata en 2012 avec les matchs perdus 2-1, vous aviez prononcé cette phrase: «Il faut tuer le chat noir». Vous faisiez allusion à quoi ?
Vous savez, l’Afrique est un continent irrationnel. Ce qui s’est passé à Bata, c’est le facteur environnemental qui n’a pas été avantageux pour nous. Car, Il y avait un contexte politique avec les élections présidentielles. Parce que l’équipe de Bata, c’était une grande équipe. Alors, on ne pouvait pas perdre subitement tous nos matchs à 2-1. C’était l’environnement qui prévalait qui a pollué cette équipe.
Mais certains soutiennent que l’équipe a été victime de maraboutage. Est-ce que vous à cette thèse ?
Je préfère rester dans le cadre du rationnel. Moi, je crois plutôt à la technique, au physique etc. ce que peux dire, c’est qu’on avait des occasions mais on ne pouvait pas les mettre.