Bouna Sarr : « Je suis à 100 % de mes capacités »
Libre de tout contrat depuis son départ du Bayern Munich, Bouna Sarr navigue entre Dubai et le Sénégal en compagnie de ses préparateurs physiques, afin d’être prêt à faire ses valises dès que le téléphone se mettra à sonner.
À quelques jours de l’ouverture du mercato d’hiver, l’ancien latéral droit de l’OM et du Bayern Munich a eu quelques sollicitations ces derniers mois, mais n’a pas donné suite. Impatient de retrouver les terrains, l’international sénégalais de 32 ans se dit en pleine possession de ses moyens. Il nous explique son quotidien, ses doutes, son impatience de retrouver un club compétitif et assure qu’il n’en fait pas une histoire d’argent.
FM : Bouna, comment ça va ?
Bouna Sarr : écoutez, je vais parfaitement bien. Je vais bien d’un point de vue physique. Cette longue période sans club, c’est un peu inédit pour moi dans ma carrière, car c’est la première fois que je me retrouve sans club. Ce n’est pas une période facile, mais comme je dis souvent, à chaque mal un bien. Ça m’a permis, après ma blessure, de continuer à travailler davantage et plus dur pour me renforcer physiquement, me renforcer mentalement et attendre le prochain challenge. C’est vrai qu’aujourd’hui, on voit que le marché est un peu spécial avec pas mal de joueurs qui sont sans contrat. On attend notre heure, on attend que ça bouge. Le mercato d’hiver ouvre dans moins de deux semaines. En vrai, je n’ai même pas vu et senti cette première partie de saison. Je me suis réfugié dans le travail. J’ai bossé dur en me tenant prêt. Je pensais que ça allait bouger avant, mais ça n’a pas été le cas. On espère juste que ça va s’agiter pendant cette période de mercato. On garde la foi et ça va aller.
FM : on a dû vous poser la question 100 fois, mais comment on fait pour se maintenir en forme quand on n’a pas de club durant une période aussi longue ?
BS : il faut travailler de façon régulière, constante. Evidemment, il n’y a rien qui remplace les séances collectives. Mais on essaie de se rapprocher le maximum dans les exercices qu’on va faire notamment avec mes préparateurs physiques que ce soit celui que j’ai au Sénégal et celui que j’ai à Dubaï. Je bosse énormément avec eux. Aujourd’hui, je n’ai personnellement pas de crainte à me dire que si demain, je reprenais qu’un club, j’aurais des difficultés à m’adapter. Sans aucune prétention, je pense que physiquement, j’ai toujours eu des facilités et des qualités qui me permettent de vite me remettre dans le rythme. Aujourd’hui, même à travers mes séances, j’ai pu avoir la chance de faire des séances avec d’autres joueurs pros en collectif. J’ai été blessé longuement, mais aujourd’hui, je n’ai plus aucune séquelle, plus aucun souci, c’est de l’histoire ancienne.
FM : on a eu Layvin Kurzawa récemment qui nous a confié que psychologiquement parfois, ça pouvait être compliqué si l’on n’était pas assez entouré. Qu’il y avait forcément des hauts et des bas. Est-ce que vous avez vécu ça ?
BS : forcément la famille, les proches, Touti Mendy mon agent. Mais moi, j’ai trouvé mon échappatoire en voyageant notamment au Sénégal. C’est mon pays de cœur. C’est le pays où je représente une sélection. Le pays où j’ai gagné ma première CAN. Croiser toutes ces personnes qui t’aiment, qui t’apprécient, qui te donnent cette force, qui t’encouragent à continuer à bosser dur et qui te souhaitent de trouver un challenge au plus vite pour pouvoir revenir de nouveau en sélection. Ça te donne une motivation supplémentaire. Et c’est ce qui t’aide aussi à ne pas lâcher. Donc, ce n’est pas évident, on ne va pas s’en mentir. Mais je suis une personne qui reste très positive, peu importe la situation. J’ai vécu des situations difficiles dans ma carrière, des moments compliqués. C’était bien évidemment différent, mais je sais que le football, c’est ma passion. Je sais que j’ai encore beaucoup à apporter au football. Et aujourd’hui, je suis en pleine forme pour pouvoir être à disposition d’un club et performer de nouveau.
«Je suis à 100 % de mes capacités et je n’aurai aucun souci à m’insérer dans un groupe»
FM : comment expliquez-vous que personne n’est venu vous recruter l’été dernier alors que vous étiez libre ?
BS : on a eu des sollicitations, on a eu des projets qu’on a décidé de ne pas sélectionner. Après là où je peux comprendre les clubs, c’est qu’ils étaient un peu réticents par rapport au timing de ma blessure aux croisés. C’est arrivé pendant la deuxième partie de saison à la fin de mon contrat. Donc il y a des questions sur mon délai de récupération, et sur le fait de savoir si je suis opérationnel ou pas. Et ça a beaucoup joué dans les discussions avec les clubs de meilleur standing. Mais aujourd’hui, je pense qu’il n’y a plus d’excuses. Depuis cet été, même si je n’ai pas joué en compétition, je me suis maintenu au mieux. Je suis à 100 % de mes capacités et je n’aurai aucun souci à m’insérer dans un groupe et à porter ma pierre à l’édifice pour cette deuxième partie de saison. Peu importe le niveau, le challenge, la compétition, je suis prêt.
FM : est-ce que vous avez revu vos exigences à la baisse ou est-ce que vous êtes déterminé à être aussi sélectif que l’été dernier ?
BS : écoutez, pour être honnête avec vous, je suis à l’écoute de tous les projets. Après, je valide, je ne valide pas. J’en assume la responsabilité. Sans prétention aucune, je pense que je peux quand même revenir dans des clubs qui jouent dans de belles compétitions à un bon niveau mais encore une fois, je n’exclus rien. Maintenant, il y a plein de choses qui rentrent en compte, plein de paramètres. Mais je ne vais pas non plus faire le gourmand, si on parle d’un point de vue financier. J’ai envie quand même de rejouer au football. Parce que je sais qu’aujourd’hui que je peux apporter une vraie plus-value à une équipe qui en a besoin.
«je ne suis pas fermé en terme de championnat. Ça peut être la France, comme l’Espagne, comme l’Angleterre»
FM : on parle de projet et de compétitivité depuis tout à l’heure, mais quel type de projet recherchez-vous ? Plutôt la France, plutôt l’étranger ?
BS : je n’ai pas vraiment de priorité, que ce soit la France ou l’étranger. Je ne ferme aucune porte. Vraiment, le football me manque, j’ai envie de rejouer au football à un bon niveau. D’autant que je n’ai pas d’exigence financière particulière. Mais en tout cas, je ne suis pas fermé en terme de championnat. Ça peut être la France, comme l’Espagne, comme l’Angleterre, peu importe. J’attends juste qu’on me donne ma chance.
FM : comment ça se passe au niveau des discussions actuellement, est-ce que vous avez pu discuter avec des clubs ? Est-ce que vous laissez cela à votre agent ?
BS : pour être franc avec vous, tout ça, c’est mon agent, Touti Mendy qui gère. On aime bien se faire des échanges tous les mois, on va dire. Je les laisse gérer. Moi, j’aime rester focus sur ma préparation, sur mes entraînements. Lui, travaille de son côté pour me trouver le meilleur projet. J’ai 100% confiance en lui. À un moment donné, après la reprise de la saison durant un, deux voire même trois mois, il y avait des choses qui auraient pu être intéressantes, mais on s’est dit que mieux valait attendre la mi-saison. Qu’à ce moment-là, les clubs auraient plus besoin de se renforcer. Ça sera un moment plus opportun pour les clubs comme pour moi. On a pris cette décision-là. D’ici quelques jours, un nouveau mercato va ouvrir et on espère qu’à ce moment-là, on trouvera le meilleur projet.
FM : est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui il y a toujours de la place pour des joueurs comme vous, comme d’autres joueurs expérimentés qui n’ont pas de club, qui peuvent apporter un vrai plus, en France notamment ?
BS : bien évidemment. Moi j’aspire à jouer pendant de nombreuses années encore. Je pense que génétiquement, morphologiquement, je n’ai pas de soucis pour jouer longtemps. Au-delà de ma blessure aux croisés, je ne pense pas avoir eu de problème de blessure. C’était principalement le souci que j’ai eu durant ma carrière. Mais aujourd’hui, je ne ressens plus aucune douleur, je me sens très bien. J’ai 32 ans, je pense pouvoir jouer jusqu’à 37, 38 ans. D’un côté, je peux peut-être comprendre les clubs sur ça. Mais de mon côté, je n’ai pas cette inquiétude-là de dire que j’aurais des problèmes dus à mon âge bien au contraire. Aujourd’hui, je suis encore frais, il n’y aura pas de soucis à ce niveau-là.
«il y a beaucoup de gens qui ne seraient pas contre un coup de main de Bouna Sarr aujourd’hui à l’OM»
FM : au début de l’interview, vous me racontiez que vous preniez part à des entraînements avec d’autres joueurs à Dubai. Vous aviez fait un petit collectif de joueurs sans club pour garder la forme ?
BS : Oui, j’ai rencontré Serge Aurier à Dubaï, Josuha Guilavogui qui a rejoint depuis Leeds. D’autres joueurs qui étaient en Bundesliga, en Angleterre, des joueurs sous contrat qui venaient durant les trames internationales. J’ai toujours fait en sorte d’être là pendant ces périodes-là pour pouvoir m’évaluer par rapport à eux. Quand tu me vois m’entraîner avec eux, tu ne sens pas une personne sans club. Tu sens une personne qui est là pour se maintenir, mais qui n’a aucun retard physique, bien au contraire. On peut demander mon historique aux personnes avec qui j’ai travaillé par le passé. J’ai toujours été numéro un dans tous les tests physiques. Même au Bayern Munich, en passant par l’OM et partout. Aujourd’hui, je ne pense pas que cette blessure m’ait fait perdre toutes ces qualités-là.
FM : on vous sent très attaché au Sénégal, l’objectif à terme après avoir retrouvé un club, c’est la sélection ?
BS : bien sûr, parce que je n’ai fait une croix sur la sélection. J’ai toujours voulu y revenir. Malheureusement, cette blessure a fait que je n’ai pas pu. J’ai toujours ressenti cet amour des supporters sénégalais qui m’écrivent énormément à travers les réseaux sociaux. C’est aussi quelque chose qui montre aujourd’hui qu’il y a certaines personnes qui ont hâte de te revoir sur le terrain, hâte de te revoir en sélection. Entre vous et moi, je reçois aussi énormément de messages de supporters de Marseille. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui ne seraient pas contre un coup de main de Bouna Sarr aujourd’hui à l’OM. Maintenant, je ne suis pas le seul décideur. Ce sont les clubs, ce sont les directeurs sportifs, ce sont les coaches. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Il y a aussi les besoins aussi des clubs par rapport aux postes. Donc voilà, on patiente et on va s’adapter.
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