Mondial 2018 – Mustapha Laabid : «La pression des États-Unis a bien fonctionné»
Président du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale, le député (LREM) d’Ille-et-Vilaine Mustapha Laabid (49 ans) dit sa déception après l’échec, mercredi, de la candidature africaine.
Avez-vous été surpris du faible nombre de votes (65) obtenus par le Maroc face au trio nord-américain (134 voix), dans la course à l’attribution du Mondial 2026 ?
La note lamentable (2,7 sur 5, contre 4 pour United 2026) attribuée par la «task force» (la commission d’évaluation technique de la FIFA) a joué dans la dernière semaine. C’est une défaite pour le Maroc, l’Afrique et l’Europe. Face au mastodonte hybride nord-américain et au chantage mis en place par la plus grande puissance mondiale, le petit poucet n’a pas fait long feu. Il n’y a plus grand-chose à dire, c’est un peu la catastrophe. Je pensais que la mésentente entre les Etats-Unis et le Canada (les deux pays connaissent de vives tensions commerciales) aurait pu jouer, comme le projet de mur à la frontière mexicaine, la distance entre les différents sites ou les trois monnaies différentes… Il y avait beaucoup d’arguments en faveur du Maroc, dont la candidature était innovante.
Le tweet agressif de Donald Trump du 27 avril a-t-il vraiment eu l’impact qu’on lui prête* ?
Oui, on l’a vu pour les pays arabes et les présidents de fédérations européennes. Certains d’entre eux avaient laissé entendre qu’ils voteraient comme la France (supporter numéro 1 du dossier marocain en Europe) mais on a constaté que ce n’a pas été le cas. La pression des Etats-Unis a bien fonctionné. Même l’Espagne, voisine du Maroc, s’est abstenue… Ils ont fait du «Ni pour, ni contre, bien au contraire» ! Alors qu’elle avait tout intérêt à ce que le Mondial se déroule près de chez elle.
La Russie a également changé d’avis et a finalement voté pour United.
Là encore, ce sont des choses qui nous dépassent… En Asie et au Moyen Orient, il y a eu aussi de belles surprises. Je suis très déçu de la non-solidarité de certains. Les Saoudiens ont eu une réelle influence. Ils avaient dit haut et fort qu’ils soutiendraient les Américains et dans cette zone géographique, beaucoup ont voté comme eux.
Y a-t-il eu des trahisons ?Non, mais il y a eu des défections. Il faudrait qu’on puisse questionner les fédérations concernées sur leurs motivations. On était dans de purs enjeux géopolitiques et financiers, détachés de ceux liés aux stades, à la sécurité ou à l’ambiance. On en a eu la preuve flagrante avec ce vote. Il y a peu d’explications à ce faible nombre de voix pour le Maroc. C’est décevant. Mais on retiendra le soutien inconditionnel de la France dans cette aventure.»
*« Ce serait une honte si les pays que nous soutenons toujours militaient contre la candidature américaine, avait menacé le président américain sur Twitter. Pourquoi devrions-nous soutenir ces pays si eux ne nous soutiennent pas (et aux Nations Unies non plus) ? »