Les six dates qui ont fait la carrière d’Eumeu Sène

Le parcours a été parsemé d’embûches, mais Eumeu Sène s’est frayé un chemin pour se hisser au sommet, parmi les sommités de l’arène. Six dates clés aident à mieux connaître ce lutteur aux multiples facettes.  

Ouza Sow (7 février 1999) : «Passage de grade réussi»

Son premier combat, Eumeu Sène l’a livré le 19 mars 1998 contre Mbodj Diagne. Il s’était soldé par une défaite. Mais celle-ci ne l’a pas empêché de faire son bonhomme de chemin et de saisir sa chance lors de son passage de grade face à Ouza Sow de Fass, le 7 février 1999. C’était un combat très dur : les lutteurs ont échangé des coups de poing sans retenue. Le combat s’est terminé sur une chute spectaculaire. C’est la victoire de Eumeu Sène la plus éclatante et sans doute l’une des plus importantes de sa carrière, parce qu’elle lui a permis de franchir un palier, d’entrer dans la cour des grands.

Nguèye Loum (7 aout 1999) : «Sur les pas de Tyson»

Ce combat, son premier chez les ténors, l’opposait au premier adversaire de son mentor, Tyson. A l’époque, Nguèye Loum, au summum de son art, respirait la forme et était craint de ses adversaires. Tout le monde pensait que Eumeu Sène, qui avait deux handicaps : sa taille et sa jeunesse, ne pouvait pas s’en sortir. Mais Eumeu en a surpris plus d’un ce jour-là. Son adversaire étant plus à l’aise dans la bagarre, il a mis la fougue de côté. Privilégiant la lutte, il a imposé sa force, pour, contre toute attente, sortir vainqueur de ce duel.

Gris Bordeaux (13 juin 2004) : Une pilule amère

C’était le choc entre Pikine et Fass. Un vrai «classico». Eumeu Sène était l’espoir montant de la banlieue, Gris la belle promesse fassoise. Deux lutteurs parmi les plus en vue de leur génération, qui s’affrontaient pour la première fois à Demba Diop. Ce jour-là, Eumeu Sène a fait preuve d’immaturité, en tombant dans le piège de son adversaire. Qui, très affûté, a imposé la bagarre pour prendre à défaut Eumeu, en allant chercher, avec beaucoup de technicité et de culot, les deux jambes du Pikinois.

Balla Gaye 2 (8 février 2009) : Un «Caxabal» d’enfer

Avant ce combat, Balla Gaye 2 avait fait le vide autour de lui. Il avait battu Bathie Seras, Boy Sèye, Tyson Junior (lutteurs de Pikinois), Ousmane Diop, et pris sa revanche sur Issa Pouye (Thiaroye). Eumeu Sène devait laver cet affront face à un adversaire que rien ne semblait pouvoir arrêter. Mais la suite, on la connaît : un «caxabal» d’enfer. Un geste simple, mais difficile à réaliser face à un lutteur de la trempe de Balla Gaye 2. Cette défaite avait freiné BG2, qui visait Tyson à l’époque. Il finira par le croiser, et l’issue de ce combat est l’une des raisons de l’éclatement de l’écurie «Boule Falé». Eumeu a pris son indépendance.

Gris Bordeaux (6 mars 2011) : Le prix du sang

En termes d’intensité et d’endurance, c’est sans doute l’un des meilleurs combats de l’arène ces dernières années. Des coups bien placés, une technique de lutte (placage) savamment exécutée, Gris Bordeaux/Eumeu Sène a été un combat de haute facture. Le Pikinois s’en était sorti blessé à l’œil, mais son blason a été redoré. «Il a démontré toutes ses capacités à lire un combat, en déjouant toutes les stratégies de Gris. Il l’a finalement battu à l’usure. Ce combat a relancé Eumeu et lui a donné un succès fou, une seconde jeunesse.

Bombardier (28 juillet 2018), le cadeau du ciel

Ce jour-là, le ciel tenait à récompenser un lutteur plein de qualités, mais que le destin n’a pas très tôt gâté. Face à Bombardier et ses 150 kg, peu d’amateurs pouvaient parier sur une victoire de Eumeu Sène. Le Pikinois a pris son courage à deux mains pour faire face au B52. Après une bagarre désordonnée, le mastodonte Bombardier s’écroule, Eumeu monte ainsi sur scène. C’est la consécration d’une carrière parsemée d’embûches.