Pourquoi Sadio Mane mérite le ballon d’or

ILundi au théâtre du Châtelet, le Ballon d’or 2019 sera attribué au meilleur footballeur de l’année selon 180 journalistes internationaux. Parmi les outsiders dans l’obtention du prestigieux trophée, Sadio Mané peut être le candidat idéal pour ceux qui ont commencé leur carrière comme porteur d’eau avant de briller dès que la route s’élève.

 

« Si vous donnez le Ballon d’or au meilleur joueur de cette génération, donnez-le toujours à Lionel Messi. S’ils le donnent au meilleur joueur de la saison dernière, c’est Virgil van Dijk. » Aussi censés soient-ils, ces mots ne sont pas prononcés par un homme sans intérêt. Car Jürgen Klopp a une paroisse à défendre. Une paroisse couleur rouge qu’il a hissée jusque sur le toit de l’Europe. Pourtant, dans sa mission, l’Allemand a oublié qu’il avait d’autres ouailles sous sa protection, dont une n’étant pas la moindre : Sadio Mané.

 

Le coach de Liverpool n’est pas à le seul à être à blâmer, car il n’est pas le seul à faire du Sénégalais un personnage secondaire de cette cérémonie de remise du Ballon d’or. Le scénario préétabli se résumerait en un duel Messi—VVD, avec Cristiano Ronaldo en éternel outsider. Mais ce serait enterrer vivant un homme qui a rythmé cette année de foot par des éclairs de génie, une régularité folle dans la performance et une attitude irréprochable. Comme si dans Le Bon, la Brute et le Truand, on avait zappé un quatrième larron. Alors pourquoi pas le Brillant ?

Le tapis de Sadio

Pourtant, Sadio Mané doit aujourd’hui savoir que l’oubli n’est pas une fatalité. Il peut être une chance, il peut être une grâce, il peut être une arme, il peut même être un talent. Souvent, l’ailier de Liverpool sait d’ailleurs profiter de ces errements pour faire trembler les filets. Pas moins de 22 fois la saison dernière en Premier League pour s’offrir le titre de co-meilleur buteur aux côtés de deux autres stars africaines : Pierre-Emerick Aubameyang et Mohamed Salah. Le gamin de Bambali sait aussi qu’il n’a pas besoin d’être sur le devant de la scène pour finir par s’imposer. La preuve dans la distribution des rôles du côté d’Anfield. Si Mo Salah a été rapidement propulsé « Prince d’Égypte » , que Bobby Firmino a ébloui le tableau de ses dents blanches, les Scousers ont mis un peu plus de temps pour comprendre que Sadio pouvait être autre chose que le troisième pied du tabouret.

 

S’il est déjà impossible de tenir debout sans, il s’est en plus révélé comme le plus solide après une année haletante ayant vu les Reds devenir les plus beaux dauphins de l’histoire d’Angleterre, et poursuivre sur leur élan cette saison pour mettre fin à 30 ans de disette. Avant ça, il fallait bien que quelqu’un fasse tomber le Bayern Munich pour que Divock Origi puisse entrer dans la légende face au Barça. De même, le penalty concédé par Moussa Sissoko en finale de Ligue des champions ne s’est pas fait tout seul. Et la Supercoupe d’Europe ne serait pas à Liverpool à l’heure actuelle non plus. Tant de tours de magie que Sadio a pu réaliser avec une astuce d’illusionniste chevronné : attirer l’attention sur d’autres éléments pour mieux réapparaître.

 

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