Psychologie : Les raisons de l’accueil triomphal des Lions

L’accueil triomphal réservé aux Lions samedi dernier (voir par ailleurs) suscite moult commentaires. D’un côté, il y a ceux qui ne comprennent pas la nécessité de fêter en héros des joueurs battus en finale, au point de les citer en exemple, alors qu’ils n’ont rien gagné.

D’un autre, les populations ont jugé nécessaire de rendre hommage aux Lions, vice-champions d’Afrique. Ce qui n’était plus arrivé depuis 2002, date de notre première finale dans la compétition. Ce face à face, le psychologue Khalifa Ababacar Diagne le décrypte en parlant d’«un conflit de générations dans l’appréciation et le ressenti de l’évènement en termes d’émotion». Pour lui, «les gens ont comme référence la génération 2002, finaliste de la CAN au Mali, en oubliant qu’entre cette date et maintenant, il y a toute une génération.

Ceux qui, à l’époque, étaient âgés  entre 0 et 7 ans, une tranche d’âge où les souvenirs n’existent pas, ou sont très vagues, si l’on ajoute 17 ans à leur âge, ils ont aujourd’hui environ 25 ans. C’est une nouvelle génération qui en termes d’émotion a un ressenti différent de celui de leurs aînés qui ont vécu la finale de 2002. Cette génération a des émotions et des sensations nouvelles. Elle vit l’effet de primauté.» Voir pour la première fois l’équipe nationale disputer une finale de Coupe d’Afrique des nations, c’est pour elle «une émotion positive qui les pousse à aller accueillir les Lions.

Une finale de Coupe d’Afrique, c’est une première pour elle.» Pour ces raisons, le psychologue n’a été nullement surpris de voir cette génération, dite nouvelle, accueillir les Lions en liesse. Khalifa Ababacar Diagne précise qu’il était «rare de voir dans la foule des gens âgés de plus de 35 ans». Ces derniers, qui ont vécu la belle épopée de 2002 et qui avaient «des émotions à l’époque», s’attendaient à une victoire finale de Sadio Mané et ses coéquipiers au Caire, pour vivre des émotions nouvelles qui les pousseraient à accueillir les Lions triomphalement.

«Pour ces gens, il y a de la déception, une émotion négative qui pourrait aller jusqu’à l’expression d’une colère». Le psychologue n’est pas non plus surpris par l’attitude des hommes politiques, avec à leur tête le président de la République, parce que «le football est intimement lié à la politique. Ce qui intéresse les politiques, c’est la récupération».

 

igfm