Mondial 23018 – Tite : « France, Belgique et Portugal sont aussi favoris »

Tite est arrivé en Russie, où il assistera le 1er décembre au tirage au sort final de la 21ème édition de la Coupe du Monde de la FIFA™. Fort de son brillant parcours dans les qualifications sud-américaines, le sélectionneur du Brésil  sera l’une des grandes personnalités présentes au Palais d’État du Kremlin, à Moscou. Avant de s’envoler pour la capitale russe, où il connaîtra le nom des adversaires de son équipe au premier tour, il a répondu aux questions de FIFA.com.

Dans la première partie de cet entretien, Tite évoque entre autres le réveil spectaculaire de son équipe dans les qualifications, la personnalité de Neymar et l’influence qu’a eue le 7:1 concédé devant l’Allemagne.

Dans la deuxième partie ci-dessous, l’entraîneur de la Seleçao parle de l’importance du tirage au sort, des adversaires les plus redoutés et de sa vision du football actuel.

Tite, à quelques heures du tirage, quelle importance accordez-vous à ce que le sort vous réserve ? 
Le plus important pour le Brésil est de continuer à progresser, à évoluer et à consolider l’équipe. Nous n’avons aucun contrôle sur les équipes ou les styles de jeu auxquels nous allons avoir à faire, donc nous devons nous préparer au mieux car nous rencontrerons inévitablement de grandes sélections, en phase de groupes ou plus tard. Nous pouvons tomber sur la Russie, l’Allemagne, le Japon… autant d’écoles de football différentes. Par conséquent nous devons nous endurcir comme équipe, sur le plan mental et physique. C’est essentiel.

Depuis vos débuts en août 2016, le Brésil a survolé les qualifications. Votre équipe n’a-t-elle pas atteint son meilleur rendement trop tôt, c’est-à-dire avant la Coupe du Monde, comme l’Argentine en 2002 ?
Concernant le pic de rendement, permettez-moi de ne pas être d’accord. Cette équipe d’Argentine alors dirigée par Marcelo Bielsa avait échoué dans un groupe extrêmement difficile, où il y avait également l’Angleterre, le Nigeria et la Suède. Le groupe s’est joué sur un penalty contre l’Angleterre, dans un match très équilibré. L’Argentine aurait très bien pu se qualifier aux dépens de l’Angleterre. C’est un risque inévitable de la phase de groupes. Dans un sport individuel, vous pouvez planifier votre pic de rendement idéal. Dans un sport collectif, ce que vous vivez lors des qualifications vous fortifie collectivement. Ce qui s’est passé avec l’Argentine tient beaucoup plus à la qualité des adversaires qu’à une diminution du rendement de l’équipe.

 

Comment jugez-vous la progression de l’Allemagne ?
L’Allemagne effectue un travail énorme, très solide, avec un entraîneur qui est en place depuis 11 ans et qui avant cela travaillait comme assistant de Jürgen Klinsmann. Il a une connaissance profonde d’une équipe qui a été championne du monde et en plus, il a su intégrer des jeunes qui vont encore bonifier la génération qui a gagné en 2014. Il faut être très fort pour travailler à un tel niveau et sur une telle longévité. C’est un défi pour moi, comme entraîneur, de réussir ce genre de chose.

Allemagne, Brésil et Espagne sont considérés comme les favoris de l’épreuve mondiale. Les Espagnols possèdent-ils quelque chose que vous aimeriez avoir ?
L’Espagne pratique un football très similaire à celui du Brésil, avec beaucoup de maniement de ballon et de jeu en triangle. Aujourd’hui, nous avons peut-être des joueurs plus rapides, plus agressifs, mais ce sont deux écoles très semblables. Avec Isco ou Andrés Iniesta, l’Espagne possède deux joueurs qui sont des exemples. Le football espagnol est plus un jeu basé sur le toucher de balle et le soutien. C’est ce que j’aime beaucoup dans cette sélection. A ces trois pays, on pourrait ajouter la France, qui possède une équipe plus mature que par le passé et des joueurs de très grande qualité comme Antoine Griezmann, Kylian Mbappé ou Alexandre Lacazette. C’est une équipe très forte. Il ne faut pas oublier non plus le Portugal, champion d’Europe en titre, ou la Belgique, qui possède une génération de très haut niveau avec Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku, Thibaut Courtois ou Axel Witsel. Il y a plusieurs sélections de très grande valeur.

Après la qualification sur le fil de son équipe, Lionel Messi a déclaré que l’Argentine allait maintenant être plus forte. Êtes-vous d’accord ?
Oui, l’Argentine a réussi à supporter cette pression énorme qu’elle avait par rapport à la qualification. Avoir trois entraîneurs différents au cours d’un même processus qualificatif, cela crée inévitablement des déséquilibres. Maintenant, la qualification est assurée et il y a pas mal de temps pour travailler. Avec la qualité de Jorge Sampaoli et de ses joueurs, j’ai l’entière certitude que cette équipe va progresser. Dans quelle mesure, je ne peux pas l’affirmer, mais je suis certain qu’elle va être meilleure.

Quelle analyse faites-vous du football tel qu’il est pratiqué aujourd’hui ?
Dans le football actuel, la priorité est mise sur les qualités techniques des joueurs. De ces qualités dépend la capacité des entraîneurs à organiser leur équipe sur le plan tactique, à transmettre correctement leurs idées aux joueurs. La forme physique est également déterminante, pour les duels, les changements de direction… Un autre aspect qui est peut-être même plus important est le côté mental. Savoir supporter les pressions, les exigences psychologiques qui vont avec le résultat et sont constantes. La capacité à absorber la pression est très importante. Ce sont quatre piliers déterminants pour réussir.

Il y a quelques années encore, le talent individuel pouvait être suffisant pour gagner un match mais aujourd’hui, cela ne suffit plus. Joue-t-on le football plus difficile de l’histoire ?
Aujourd’hui, l’apport théorique, les informations au sens large ont beaucoup progressé à plusieurs points de vue. Les différences se réduisent constamment. Un seul facteur, le talent individuel par exemple, ne peut plus être déterminant. Il faut réunir un ensemble de facteurs pour pouvoir faire la différence.