Lazio : Keita Baldé Diao, un rebelle apaisé

Ultra précoce et prodige annoncé dès sa première année en pro à 18 ans, Keita Baldé, souvent impatient, parfois insolent, a vu ses écarts de conduite freiner sa progression du côté de la Lazio. Avant de connaître sa première saison pleine sous la coupe de Simone Inzaghi, qui est en train de révéler le plein potentiel de l’ailier sénégalais.

Polémiques en série

Après un énième conflit avec la direction du club du Latium à l’été 2016, Baldé trouvera finalement à qui parler en la personne de son nouveau Mister, Simone Inzaghi, qui n’hésite pas à lui rentrer dedans frontalement, en le menaçant de continuer la saison en tribune s’il ne modère pas ses ardeurs : « Je veux des joueurs qui sont fiers de porter le maillot de la Lazio, çà doit être le point de départ pour tout le monde… Moi, je continue avec ceux qui sont contents d’être au club, point». De quoi instaurer un rapport de force clair avec le jeune rebelle, qui rentre dans le rang.

Le pari jeune

La suite est l’histoire d’une relation beaucoup plus apaisée, où Inzaghi a la bonne idée de passer l’éponge sur les incidents du début de saison pour veiller à traiter équitablement Baldé. Le Sénégalais avait parfois le sentiment que la concurrence au sein du club laziale était faussée, ce qui l’avait incité à se plaindre en 2015 à son coach de l’époque, Stefano Pioli, qui louait ses efforts à l’entraînement : « Si je m’entraîne aussi bien qu’il le dit, j’espère jouer plus dans l’avenir. » Rien de semblable avec Inzaghino, qui, constatant que sa pépite sénégalaise casse la baraque à chacune de ses entrées en jeu, en fait un élément important de son onze type, où il complète un trident offensif composé de Felipe Anderson et Ciro Immobile. Rien d’étonnant de la part d’un coach qui, après avoir entraîné pendant deux ans la Primavera de la Lazio, n’a pas peur de responsabiliser la jeune génération biancoceleste. Outre Keita, de nombreux joueurs de moins de 23 ans comme Cristiano Lombardi, Alessandro Murgia ou encore Patric ont dépassé la douzaine d’apparitions en Serie A cette saison. « Tous ces joueurs méritent du temps de jeu. Ce n’est pas un cadeau, mais une récompense de leur travail » , relève le coach laziale.

Pragmatisme payant

Dans le cas de Baldé, Inzaghino aura aussi l’intelligence de ne pas se formaliser quand son attaquant retombe dans ses travers d’enfant gâté. Fin janvier, Baldé, fraîchement éliminé de la CAN avec le Sénégal, ne se présente pas avec le groupe à Milan, alors qu’il était attendu par son club pour disputer les quarts de finale de la Coppa Italia. L’attaquant prétend avoir loupé son avion à Dakar, mais Inzaghi, diplomate, décide de pardonner le caprice de son joueur, en ne le sanctionnant pas sportivement. Une gestion pragmatique, qui prend tout son sens en cette fin d’exercice 2016-2017. Inzaghi décide de changer de système de jeu, abandonnant le 4-3-3 pour un 3-5-2 plus souple et offensif, où Baldé évolue aux côtés d’Immobile à la pointe de l’attaque. Un module où le Sénégalais piétine les défenses de la Botte, inscrivant un triplé en cinq minutes face à Palerme, un but face à la Sampdoria puis la Fiorentina, et surtout un doublé face à la Roma fin avril (il était alors aligné seul en pointe, car Immobile était malade, ndlr), devenant le premier Laziale à marquer deux buts dans le derby depuis Roberto Mancini en 1998.

De quoi achever de convaincre Inzaghi qu’il tient en Baldé un joueur pas comme les autres, lui qui déclarait déjà en janvier : « C’est potentiellement l’un des cinq meilleurs joueurs au monde, mais je ne le voyais jamais serein. Je l’ai tenu à l’écart jusqu’à ce que le mercato soit fini. Quand il est revenu, c’était un autre homme ».