Diouf et Eto’o veulent plus d’organisation pour le bien du football africain

El-Hadji Diouf et Samuel Eto’o, réunis à Dakar dimanche à deux jours de la désignation du Ballon d’or africain 2018, sont montés au créneau pour appeler à un football africain mieux organisé et plus ambitieux. Dénonçant notamment la « corruption en Afrique », les deux buteurs veulent voir du changement.

Mardi 8 janvier, on connaîtra l’identité du Ballon d’or africain 2018. Qui succédera à Mohamed Salah ? Trois joueurs sont en lice : l’Egyptien lui-même, en lice pour un deuxième titre consécutif, son coéquipier à Liverpool Sadio Mané, le Sénégalais classé 2e en 2017, et le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, lauréat en 2015 et 3e l’an dernier. Ce dimanche 6 janvier, à Dakar au Sénégal – lieu où se tiendra la cérémonie de mardi –, deux anciens vainqueurs du trophée ont donné une conférence de presse spéciale.

La Coupe du monde 2018, miroir des difficultés collectives persistantes

El-Hadji Diouf, titré en 2001 et 2002, et Samuel Eto’o, Ballon d’or africain en 2003, 2004, 2005 et 2010, ont plaidé pour un sursaut d’orgueil du continent. Plus clairement : ils veulent voir le football africain briller davantage. Ils veulent le voir débarrasser de ses problèmes qui parasitent son développement. Si individuellement, les footballeurs africains brillent, collectivement, les échecs s’accumulent.

L’année 2018 a cruellement démontré l’écart qui subsiste entre les sélections d’Afrique et celles d’Amérique (centrale et du sud) et d’Europe. Lors de la Coupe du monde en Russie, aucun des cinq représentants africains n’a passé le premier tour, ce qui n’était plus arrivé depuis 1982. L’Egypte a perdu ses trois matches et le Maroc n’a pris qu’un point. Le Nigeria, la Tunisie et le Sénégal ont chacun remporté un match, mais cela n’a pas suffi à éviter le zéro pointé pour l’Afrique.

Corruption, manque de confiance et manque d’organisation

« On ne croit pas assez en nous », estime Samuel Eto’o. Les maux sont nombreux. « Il y a beaucoup de corruption en Afrique. L’argent donné par la Confédération africaine de football (CAF) et par la Fifa doit être dépensé pour les infrastructures et pour ceux qui font le spectacle », lance le meilleur buteur de l’histoire des Lions indomptables (56 buts).

Pour El-Hadji Diouf, « l’Afrique manque de caractère et d’organisation ». Le Sénégalais, quart de finaliste de la Coupe du monde en 2002, ces problèmes font que les clubs africains restent à un niveau inférieur à celui auquel ils peuvent prétendre : « Il est anormal que les clubs africains ne puissent pas titiller des clubs comme le Real Madrid ou le Bayern Munich. » L’ancien joueur de Lens, de Liverpool et de Bolton notamment confie qu’il aurait « aimé terminer sa carrière au Sénégal s’il y avait eu les bonnes infrastructures ».

Anthony Baffoe, vice-président de la CAF et finaliste malheureux de la CAN 1992 avec le Ghana face à la Côte d’Ivoire, a aussi pointé la fuite des meilleurs talents d’Afrique vers les championnats européens, plus prestigieux et plus rémunérateurs. « La question, c’est comment les garder plus longtemps sur le continent africain ? Pour cela, il faut des contrats, des salaires minimum, des infrastructures. Les pays du Maghreb sont plus avancés, tout comme l’Afrique du Sud. C’est à nous de suivre », estime le dirigeant.

Trop de « jalousies » compromettent le football africain

Samuel Eto’o a aussi établi une comparaison entre les Brésiliens et les Africains. L’ancien pensionnaire du FC Barcelone, de l’Inter Milan et de Chelsea entre autres pense que les Africains « ne valorisent pas assez leurs meilleurs talents » et que « les jalousies » font du mal à l’épanouissement des joueurs africains.

En écho aux griefs formulés par le Camerounais, El-Hadji Diouf s’interroge sur les rapports entre Sadio Mané et les autres joueurs des Lions de la Téranga : « Ses coéquipiers acceptent-ils qu’il soit le leader ? Quand il y en a un, il faut arrêter les critiques, tout le monde doit suivre. »

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