Covid-19, Alfred Gomis : « Les Sénégalais doivent s’adapter à des conditions de vie particulières »

Le gardien de but des Lions du Sénégal, Alfred Gomis soigne actuellement son genou à Turin, dans une Italie durement frappée par le coronavirus. Dans cet entretien avec Jeune Afrique, l’international sénéalais raconte la situation dans la péninsule, tout en s’inquiétant de la propagation de l’épidémie en Afrique.

C’est en Italie, et plus précisément à Turin, qu’Alfred Gomis, le gardien international sénégalais de Dijon, est venu soigner sa blessure au genou, contractée début février. Ce pays, où il est arrivé à l’âge de 3 ans et qui l’a vu débuter sa carrière, compte le plus grand nombre de décès liés au coronavirus, avec plus de 13 000 morts au 2 avril, et un système hospitalier au bord de l’implosion.

Confiné dans son appartement turinois, qu’il ne quitte que pour effectuer sa rééducation, Gomis garde le lien avec le Sénégal, sans cacher sa crainte de voir le virus faire des ravages sur le continent. Depuis l’Europe, le footballeur exhorte les Africains à prendre le maximum de précautions pour ralentir la propagation de la pandémie de Covid-19.

Vous résidez depuis plusieurs semaines en Italie, l’un des pays les plus touchés par l’épidémie…

Alfred Gomis : Je suis arrivé à Turin quelques jours avant que le gouvernement italien ne décide d’imposer le confinement à toute la population italienne. Je vis seul dans un appartement, et mes parents vivent à une quarantaine de kilomètres de là. Plusieurs heures par jour, je reçois des soins dans une clinique spécialisée. Mon quotidien se limite donc à ces allers-retours et à quelques courses. En dehors de cela, je ne sors pas.

Ce qui me rassure, quand je prends la voiture pour aller à la clinique, c’est que les rues de Turin sont désertes. Cela signifie que les gens respectent le confinement et qu’ils ont compris à quel point la situation est dramatique. Avec plus de 13 000 décès, les hôpitaux sont saturés…

Quelles mesures prenez-vous pour éviter la contamination lors de vos déplacements ?

À la clinique, le personnel et les patients prennent un maximum de précautions. On porte des masques, des gants, on se lave les mains, on respecte une distance d’au moins 1 mètre, et nous ne sommes jamais plus de deux ou trois dans la même pièce. Les locaux sont régulièrement désinfectés.

Même si ce virus semble toucher davantage les personnes âgées ou celles qui sont déjà une maladie, j’ai compris que personne n’était épargné. En France, une adolescente de 16 ans est décédée, c’est terrible. Il y a forcément de l’inquiétude. On peut être jeune et en bonne santé, et être contaminé.

Le nord de l’Italie, pourtant mieux équipé que le sud du pays, est particulièrement touché. Les Italiens craignent-ils que l’épidémie se déplace vers le Sud, avec les conséquences qu’on peut imaginer ?

Le Nord, plus riche, est mieux équipé. Si le gouvernement italien a décidé de confiner la population, c’est pour éviter que le Sud soit trop touché, car on sait que là-bas les hôpitaux sont en général moins bien dotés. Les Italiens sont surpris par l’ampleur de l’épidémie. Quand je suis arrivé pour mes soins, il y avait quelques cas, en Lombardie. Des mesures avaient été prises, dont le confinement de quelques villes. Personne ne s’attendait à ce que ce virus se révèle aussi contagieux.