Chelsea – West Ham, Bilic et Conte : deux coachs au tempérament de feu

En clôture de la première journée, Chelsea reçoit West Ham ce lundi à 21 heures. Une affiche alléchante, surtout vu le profil des deux entraîneurs entre le Croate Slaven Bilic et l’Italien Antonio Conte. Si tactiquement ils ont de nombreuses différences, au niveau du caractère, ils sont très proches.

C’est l’une des attractions majeures de cette nouvelle saison en Angleterre : l’arrivée d’Antonio Conte sur le banc des Blues avec pour mission principale de ramener Chelsea en Ligue des champions. L’équipe londonienne sort d’une saison très moyenne vu son rang, avec seulement une dixième place en championnat. Quoi de mieux qu’entamer cette aventure par un bouillant derby face à West Ham, l’une des équipes qui monte en Premier League ? À la tête des Hammers, un jeune entraîneur, comme Conte, qui a prouvé qu’il avait les épaules face à la pression quotidienne de ce championnat. Ce choc est avant tout une opposition de style tactique.

Deux entraîneurs aux idées différentes

En nommant Antonio Conte à la tête de Chelsea, Roman Abramovitch a choisi une pointure du football mondial. Grand adepte des séances vidéo et des longues heures de travail au tableau noir, l’entraîneur italien est réputé pour être l’un des plus fins tacticiens, au même rang qu’un Guardiola, Sarri ou Tuchel. Triple vainqueur de la Serie A avec la Juventus (de 2012 à 2014), il a impressionné l’Europe en juin dernier en emmenant une sélection italienne sans grande star, à part Buffon et ses défenseurs, en quart de finale de l’Euro après avoir sorti le tenant du titre espagnol. Que ce soit en 3-5-2, son schéma préférentiel, ou en 4-2-3-1, le coach de 47 ans trouve toujours des solutions en s’adaptant à son groupe. En recrutant N’Golo Kanté, il s’offre un milieu box-to-box parfait pour l’intensité anglaise, tout en pouvant l’intégrer à son milieu dont Matic sera la base, sauf s’il part. Sur les côtés, les deux pistons sont primordiaux. Si Conte a fait le forcing pour garder le Colombien Cuadrado, ce n’est pas un hasard. Très performant l’an dernier à la Juve, il sera déterminant dans son rôle de latéral très offensif cette saison.
Pour Slaven Bilic, les expériences de la sélection croate, du Lokomotiv Moscou et du Beskitas ont forgé son esprit tactique sans grande prise de risque. Le natif de Split apprécie tout particulièrement le 4-2-3-1 avec une pointe fixe, dont les caractéristiques du poste correspondent parfaitement à Andy Carroll, avec un numéro dix qui tourne autour. En signant l’été dernier Dimitri Payet, Bilic a touché le gros lot en trouvant le joueur qui a permis aux Hammers de franchir un cap. Dans l’entrejeu, la paire Noble-Kouyaté répond aux exigences de la Premier League. On surveillera de près cette saison les nombreuses signatures offensives qui permettent d’étoffer un effectif déjà bien garni : Feghouli, Ayew, Tore et Calleri. Bilic doit encore trouver l’équilibre pour que ce potentiel offensif puisse parfaitement s’exprimer.

Très démonstratifs sur leur banc

Tous les deux âgés de 47 ans, ils incarnent avec Jürgen Klopp cette nouvelle génération d’entraîneurs qui aiment montrer leurs émotions dans leur zone technique. Si Antonio Conte peut passer des heures derrière ses schémas tactiques, en match il est constamment debout, harangue ses joueurs et surtout épuise sa voix à donner des consignes tactiques. Bilic aussi n’aime pas rester assis confortablement sur son banc et regarder ses joueurs sans agir. Angelo Ogbonna, défenseur central italien de West Ham a côtoyé les deux hommes. En conférence de presse il a affirmé qu’ils étaient très similaires : «Slaven (Bilic) a un bon sens de l’humour et reste un passionné. Quand il perd, il est en colère. Pour Antonio (Conte), c’est pareil. C’est sans doute le coach le plus enthousiaste que j’ai jamais eu, il est très proche de ses joueurs comme Bilic.»
Bilic semble apprécier son homologue en tout cas. Malgré la rivalité entre les Hammers et les Blues, l’entraîneur croate s’est montré élogieux en conférence de presse : «Conte est un très grand manager qui a une approche très intelligente des rencontres. Il a une grande connaissance du jeu et de ses principes, c’est un modèle de réussite pour moi.» Le sulfureux Croate n’est pas en reste. Célèbre en France pour avoir fait expulser Laurent Blanc lors de la demi-finale de 1998, il a permis à West Ham avec sa hargne de devenir une équipe qui compte en Angleterre avec une septième place amplement méritée l’an dernier. Un changement notable cette saison avec un nouveau stade pour les Hammers : le stade olympique 2012 de Londres. Près de 60 000 spectateurs pourront ainsi apprécier le one-man show de Bilic qui n’hésite pas à pousser un coup de gueule quand il le faut. Si les deux hommes sont des gentlemen en-dehors des terrains, le duel sera tout de même chaud ce lundi soir.