Adieu Pape Diouf … par France Football !

Pendant plus de trente-cinq ans, il a été un personnage incontournable du football français… et africain. Nous avons eu le bonheur de l’approcher, et de le côtoyer parfois. Journaliste, agent, dirigeant, consultant et enseignant, Pape Diouf était tout cela à la fois et il a marqué nos existences pour toujours.

Il était 22h à Paris mardi soir lorsque j’ai appris, par la bouche de mon collègue sénégalais Yoro Mangara, que Pape Diouf s’était éteint à Dakar. Quelques heures plus tôt, les nouvelles en provenance de la capitale sénégalaise n’étaient guère rassurantes. Et un rapide échange avec Philippe Doucet, son ami de longue date, n’a fait que m’inquiéter davantage. Il était alors question d’un rapatriement express dans la nuit vers Nice afin qu’il puisse être traité en urgence…
C’est finalement la télévision nationale sénégalaise qui a, la première, annoncé la terrible et implacable nouvelle. Pape Diouf, 68 ans, ancien président de l’OM, n’est plus. Premier décédé du COVID-19 dans son pays. Les larmes rapidement, me montent aux yeux, dans un flot ininterrompu. Je n’arrive pas à me souvenir quand, pour la dernière fois, j’ai eu à croiser Pape. C’était certainement à l’occasion d’une émission de Canal + Sport Afrique, « Talents d’Afrique« , un lundi soir cet hiver. Comme d’habitude, il était arrivé dans la loge, tout d’élégance et de courtoisie. Avec sa haute stature, il impressionnait.
J’admirais celui qui, avec intelligence et finesse, défendait les intérêts de ces joueurs exceptionnels.
Mais plus encore, c’est son verbe, et généralement, ses talents d’orateur, qui produisaient sur moi un effet incroyable. Pape Diouf était un brillant orateur qui aimait les joutes verbales. Où il savait se montrer piquant et toucher juste. Il n’avait pas hésité à « dégainer » ces derniers mois contre la CAF, en s’en prenant à la gouvernance actuelle du football africain. Pape, je l’ai « connu » avant même que l’on se rencontre. Forcément. On m’avait raconté ses débuts comme journaliste à Marseille. Et puis ensuite, il avait revêtu le costume d’agent des joueurs black de l’OM, un métier qu’il ne connaissait pas à la base. Joseph-Antoine Bell, Abedi Pelé, Basile Boli, Marcel Desailly, il était leur grand frère et leur père à la fois. Pape était devenu au début des années 1990 incontournable. J’admirais celui qui, avec intelligence et finesse, défendait les intérêts de ces joueurs exceptionnels.
En 1991, alors que je n’étais encore qu’un journaliste débutant, j’avais appris le lancement à Dakar d’un hebdomadaire, « Le Sportif« . La création de deux hommes, Pape Diouf et Mamadou Koumé. Avec mes quelques deniers, j’avais pris un abonnement à ce journal imprimé au Sénégal lancé juste avant la Coupe d’Afrique des Nations 1992 que devait organiser le pays. Qualité éditoriale, professionnalisme, c’était un journal de qualité, qui ressemblait beaucoup à son géniteur. Par la suite, j’ai souvent croisé en Afrique Pape Diouf, en sa qualité d’agent incontournable et respecté, lors de différentes CAN ou évènements. On a parfois échangé au téléphone, évoquant toujours ce football africain qu’il aimait tant et dont il savait repérer les talents. Comme avec Didier Drogba, qu’il conduisit à Marseille. On s’est alors un peu perdus de vue quand il est devenu le premier dirigeant de l’Olympique de Marseille.

Elégance, profondeur de la réflexion, sens de la répartie et humour…

Après sa longue parenthèse phocéenne, j’avais eu le plaisir de le revoir sur Paris pour le faire participer à un débat avant la CAN 2015, aux côtés de Claude Le Roy et de Pierre Aubameyang, le père de PEA. Plus près de nous et à partir de 2018, je l’ai régulièrement côtoyé, plus affûté que jamais, à l’occasion de lundis soirs animés sur Canal + Afrique, à l’occasion des enregistrements de « Talents d’Afrique« . Elégance toujours, profondeur de la réflexion, sens de la répartie et humour, et puis ce timbre de voix qui caractérisait si bien Pape. Ce matin, notre monde est bien plus triste sans des Hommes de la trempe d’un Pape ou d’un Manu Dibango, parti lui aussi trop tôt. Il n’y a qu’à voir la réaction unanime du football français (et africain) pour comprendre la vague de tristesse qui s’est emparée de ce continent où il était apprécié et même, révéré. Que la terre lui soit légère. Nous ne l’oublierons jamais. – F.S.